Quand Ambre se cambre, dans sa chambre…
(Certain de mes membres ne peuvent plus prétendre être tendres…)
Comme tant de ses "confères", Ambre est film que son réalisateur n'aurait jamais du faire.
Le roman, (forever Amber) qui cartonne en 1944, a été vite acheté par la Fox, et chacun s'accorde à dire qu'il pourrait s'agir d'une adaptation digne d'autant en emporte le vent. Le projet est d'abord dirigé par John M. Stahl avec Peggy Cummins dans le rôle titre et Vincent Price et side-partner.
Un mois et 500 000 dollars plus tard, Zanuck (le grand manitou du studio susnommé) fait appel à Otto Preminger avec qui il n'est pas particulièrement copain mais qui accepte de repartir à zéro, moyennant une réécriture du script et l'arrivée de Lana Turner dans pour le rôle principal. Zanuck accepte la première partie du deal, mais oppose son véto pour Turner: n'étant pas une pouliche du studio, il ne veut pas lancer la carrière d'une concurrente. Ce sera donc Linda Darnell.
Qu'en est-il du film ?
"Tu n'es pas amoureuse de moi mais de ton ambition" déclare Bruce Carlton (Cornel Wilde, au physique… particulier et fluctuant), dont est épris l'héroïne. De fait, c'est bien entre ces deux pôles que ne cessera d'osciller Ambre, déchirée entre une volonté farouche de se débarrasser d'une gangue paysanne qui lui colle à la peau et un amour sincère pour le fameux Bruce qui lui fera commettre toutes les folies.
Un technicolor des années 40 ou 50 digne de ce nom se doit d'être flamboyant, et il s'agit bien là d'un des plus flamboyants qu'il m'ait été donné de voir. De très belles scènes ponctuent le métrage (l'incendie en ville, par exemple) et certains seconds rôles valent le coup d'oeil. Au premier rang desquels l'ineffable George Sanders, campant un Charles II onctueux à souhait, perpétuellement suivi des ses "children", un troupeau de chiens-rats hideux qui semblent être ses meilleurs amis.
Au final, une belle fresque qui ne manquent pas d'atouts, si ce n'est, peut-être, un réel souffle dû à un certain manque de charisme de ses acteurs principaux, mais qui mérite néanmoins absolument le détour.