Mais quelle purge ! (Hop, petit jeu de mots bien placé, ça fait toujours plaisir) Cette critique comporte quelques spoilers, légers et importants, mais dans tous les cas ce n'est pas bien grave, mesdames et messieurs, car elle a aussi pour but de ne pas vous faire perdre votre temps avec ce film (à la con). C'est une vaste plaisanterie cinématographique. Je vais donc reprendre point par point des éléments du récit pour étayer mes propos.

Chaque année, une fois par an, pendant un laps de temps donné, l'Amérique (non, pas le reste du monde) toute entière a le droit de commettre tous les crimes possibles et imaginables. C'est soirée découverte, venez avec vos gosses. Ce qui est assez drôle, c'est cette mise en abyme permanente dans le début du film. "Cette journée marche, il n'y a plus de criminalité le reste du temps" et cette phrase est répétée inlassablement aux informations, comme pour prévenir le spectateur et le rassurer : mais si, regardez, croyez-y, non ce n'est pas trop gros, tout est justifié les copains. Alors que bon, on sait tous que ça n'a aucun sens cette mascarade. Pourquoi n'aurait-on pas le droit de tuer le reste de l'année ? Qu'est-ce qui en empêche ? Puis, favoriser le crime ? Ah bon ? Le comportement du pays tout entier est de la science-fiction. Ah, ces américains...

Dès le départ, il y a une grosse incohérence. La gosse du père que je ne supporte pas (Ethan Hawke, mais c'est personnel, il a une tête de con) qui ressemble à Lana del Rey pleure le décès de son copain. Son copain qui a voulu tuer son propre père. Ah bon. Oui c'est vraiment dommage qu'il meurt il était tellement bienveillant ce petiot. Si quelqu'un tente de tuer mon père, personnellement, après on est sur du personnellement, hein, je lui martèle son visage bien comme il faut et je le jette dans la benne à ordures que je jette elle-même dans une plus grande benne à ordures encore pour mettre le tout à la déchetterie afin d'incendier par la suite les quelques hectares de terrain.

Lena Headey retourne sa veste. "Tu réalises ce que tu fais" lui dit-elle. Ben, oui, il réalise, espèce de baiseuse incestueuse. Il réalise puisque tu fais exactement ce qu'il fait depuis le départ, ton mari. Il protège sa famille et tu fais de même depuis une demi-heure. Ne l'engueule pas, t'es sympa toi, tu le soutiens depuis le départ et tu fais l'ulcérée. Ton gosse invite un mec chez toi, ce même gosse assez futé pour créer des robots roulants (mi bébé mi ça fait flipper) mais il est assez stupide pour laisser rentrer quelqu'un pile le soir où il ne faut absolument laisser rentrer personne. Il faut assumer, maintenant.

Le moment fatidique dans un film d'horreur arrive... Enfin, film d'horreur, je plaisante évidemment, c'est un thriller. A aucun moment le réalisateur se comporte comme un réalisateur de film d'épouvante. Les scènes sont tendues, les mouvements rapides, aucun procédé n'est utilisé pour jouer sur la surprise. Ah ça, pour mettre une musique lourde et pesante dans toutes les actions, il y arrive, pour utiliser les pires entourloupes scénaristiques aussi. En ça c'est un film d'horreur, certainement. Pour ce qui est de créer un climat de peur, ça lui fait nettement défaut. Donc, comme je disais, le grand moment arrive : le courant est coupé. On ne sait pas bien pourquoi, mais il est coupé, et tout le reste du film se fera dans le noir le plus intense. Un grand classique. D'ailleurs, en parlant de noir, il y en a deux : un qui se fait torturer et un méchant. Classique, encore. L'Amérique.

Dans ce film réunissant Charlie Benjamin Biolay, Lana del Rey et la soeur de the grudge (la méchante dont on ne sait pas pourquoi elle est habillée en blanc avec des cheveux sales, on comprend pas le concept), personne ne regarde jamais derrière soi. Encore une constante dans les films qui veulent créer du suspense, mais ici c'est toujours très mal amené, toujours prévisible et toujours sans effet. Et du prévisible, il y en aura davantage par la suite, quand le héros ne se prendra qu'un seul coup de couteau (on ne sait pourquoi, deux en général ça rassure plus), ou quand le grand méchant se lancera dans un petit discours (car que Dieu bénisse l'Amérique) et qu'évidemment, il se fera avoir par derrière. Si Dieu bénit tes immondices, mon gamin, il y a un sacré souci. Déjà coupe-toi les cheveux pourquoi pas, après on en discute tranquillement.

On va pouvoir purifier nos âmes, comme elle dit. Eh bien, à titre purement personnel, mon âme a eu le sentiment de se faire complètement avoir par ce film dont l'affiche, le titre et le synopsis promettaient beaucoup plus qu'un thriller basique et sans saveur. Une version très édulcorée de ce qu'aurait pu être une petite claque atypique si le réalisateur, le scénariste et les acteurs avaient été un peu plus inspirés. Ce film est un ramassis de clichés en tout genre, où incohérences et ennui latent se côtoient pour ne former qu'un triste objet sans plaisir, fade au possible. Il y aurait pu avoir un message sous-jacent, mais même pas, le film n'étant pas assez passable pour être porteur de quoique ce soit.

Adieu mon cauchemar américain...

Créée

le 24 août 2014

Modifiée

le 25 août 2014

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EvyNadler

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