Après la pluie (1999) - 雨あがる/ 91 min.
Réalisateur : Takashi Koizumi - 小泉尧史
Acteurs Principaux : Akira Terao - 寺尾聰 ; Yoshiko Miyazaki - 宮崎美子 ; Shiro Mifune - 三船史郎 ; Hisashi Igawa - 井川比佐志.
Mots-clefs : Japon ; Jidai-geki ; Feel Good movie.
Le pitch :
Japon, époque Kyôhô (1716-1735). A la suite de pluies torrentielles, un groupe de voyageurs est bloqué dans une auberge de campagne par une rivière en crue. Parmi eux se trouve Ihei Misawa, un Ronin, samurai sans maître qui excelle dans l'art du combat. Alors qu'il s'interpose pour éviter un duel, Ihei est remarqué par le seigneur du fief.
Premières impressions :
Quand on parle de cinéma japonais, Akira Kurosawa est sans nul doute la référence la plus incontournable et la plus partagée qui soit. Son cinéma est à la fois grand public, profond et d'une exceptionnelle qualité visuelle tant est si bien que tout un chacun a déjà entendu parler, à défaut de les avoir vus, des 7 Samouraïs, de Barberousse ou de Rashomon. Ce que l'on sait un peu moins par contre, c'est que Kurosawa Senseï, ou "maître" comme l'appelait ses assistants, avait écrit plusieurs scénarios qu'il n'a pas eu le temps de tourner lui-même et que d'autres cinéastes ont réalisé après sa mort. "Après la pluie" de Takashi Koizumi est de ceux là.
Kurosawa avait une passion pour l'auteur Shūgorō Yamamoto dont il adapta une partie de l'œuvre au cinéma (Barberousse, Dodes'kaden, Sanjuro, La mer regarde) et "Après la pluie" était elle aussi une adaptation du même écrivain. Après sa mort, Takashi Koizumi, assistant du Senseï depuis Ran, décida de reprendre le scénario et de réaliser le film en tâchant de coller le plus possible à la vision du maître. Il en résulte un feel good movie en costume très sympathique au scénario léger, presque trop, mais qui fait du bien à l'âme. On se plait à suivre le destin d'Ihei Misawa (Akira Terao), bretteur extraordinaire dont l'habilité au duel n'a d'égal que son bon cœur. Très loin des personnages puissants campés par Toshiro Mifune, Akira Terao joue plutôt le rôle du samouraï next-door si j'ose dire : un peu fluet, la dégaine simple, la bienveillance dans le regard, il surprend sabre à la main dès lors qu'il s'agit de se battre pour la bonne cause. Ici pas de champ de bataille mais plutôt des duels rapides et efficaces. Les amateurs d'art-martiaux sauront d'ailleurs reconnaître les gestes précis d'un pratiquant de Iaido de haut-niveau (l'art de sortir son sabre et de trancher son adversaire en un seul mouvement) que seules de longues années d'entrainement autorisent.
Les esprits chagrins regretteront néanmoins le manque d'audace dans la réalisation de T**akashi Koizumi**. Trop sage, trop respectueux, le réalisateur copie les méthodes du maître (réactions de groupes, cavalcades à cheval très proches de la charge de fin dans les 7 samouraïs, grande place laissée à la nature...) mais n'a pas tout à fait la maestria de son prédécesseur. On pourra également critiquer le manque de complexité du scénario, certainement pas assez retravaillé pour coller aux notes de Kurosawa et une direction d'acteur qui manque d'exigence. Shiro Mifune, fils de Toshiro, en est l'exemple le plus criant et peine à convaincre dans son rôle de seigneur local.
Pour conclure "Après la pluie" est un film que j'ai plutôt apprécié pour sa bonne humeur et la qualité de ses duels au sabre. Contrairement à de nombreuses critiques lues ici ou là, la simplicité du scénario ne m'a pas gêné le moins du monde et aurait même plutôt renforcé ma bonne humeur puisqu'aucun drame ou complexité scénaristique n'était présente pour l'entraver. Sans avoir l'étoffe d'un grand film, "Après la pluie" est un bel hommage au film de sabre ainsi qu'à l'œuvre de Kurosawa. Pour les curieux, le film est disponible en DVD, même s'il vaut mieux se pencher sur les éditions les plus récentes (2007) car les sous-titres ne sont pas toujours bien reconnus sur certains pressages des éditions précédentes.