Ça manque de vécu
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il y a 5 jours
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Arco fait se rencontrer deux enfants qui, chacun à leur manière, entretiennent avec leurs parents une relation à distance : lui n’a pas encore douze ans et ne peut prétendre à participer aux voyages sur la terre des dinosaures, elle vit en compagnie de son petit frère et d’un robot dont la mission est de remplacer un père et une mère partis travailler loin, bien loin, s’acquittant des tâches obligatoires par hologrammes. Le motif de la fugue, thématique à l’origine des différentes actions des personnages, est adopté comme principe de composition esthétique : alors qu’il énumère les stéréotypes liés à l’amitié enfantine sur fond de découverte mutuelle, le film orchestre plusieurs changements de cap narratifs et visuels contraignant les parents à revenir, à s’engager dans une fonction parentale qu’ils avaient négligée. Ces retours, en somme, invalident tout antagonisme – nous ne saurions identifier de méchants, preuve que ce qui motive les déplacements des personnages est la réparation du temps – et composent deux sauvetages distincts qui cependant ne sauraient converger puisque Arco et Iris sont à jamais séparés : nul happy end mais la preuve que la plus grande marque d’amour réside dans le bonheur d’autrui, quel qu’en soit le sacrifice (vieillesse des uns, changement de travail des autres, courte échelle pour l’amoureux malheureux).
L’intelligence du long métrage réside donc dans la conscience que le chaos contient les germes de l’ordre retrouvé, qu’à l’exploitation des ressources naturelles répondra la grande « jachère » : la peur panique de perdre l’essentiel rappelle aux adultes ce qui doit compter pour eux, à savoir ici la perte de leur enfant et de leur avenir. Ugo Bienvenu et son équipe parviennent à représenter le temps humain au contact du temps cosmique, à l’instar de la poétesse Hélène Dorion dans son recueil Mes Forêts, publié en 2021, témoignent tous d’une foi en la possible réparation : les flammes envahissent la ville et consument la ballade naïve comme la satire mord la modernité numérique, responsable de la solitude des plus jeunes et de l’absence des plus âgés, de la substitution des pédagogues par des robots que l’on met en veille, du remplacement par l’image fausse – pensons à l’énumération des périodes historiques au moyen de la réalité virtuelle – de l’imagination véritable, n’ayant plus droit de cité.
Dès lors, le long métrage interroge sa propre nature d’œuvre animée en faisant l’éloge du trait de crayon, celui qui projette sur une feuille de papier les formes futures dessinées par un enfant : la rencontre entre le bucolique japonisant et les paysages dévastés dignes d’Otto Dix prolonge les « quelques traits sur les murs d’une grotte », tracés originels contenant la lucidité de la violence et les promesses qu’elle ne triomphera pas du lien humain. Une belle réussite, ambitieuse et formellement aboutie.
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il y a 6 jours
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