Ugo Bienvenu nous expose ici une vision assez originale de ce que pourrait être le futur. A mi-chemin entre le discours collapsologue et le discours du progrès technologique, c’est pas inintéressant (même si je penche plutôt pour le modèle collapsologue en termes de probabilité mais ce n’est que mon avis). Le film est beau, bravo pour les superbes dessins en 2D ! Ce qui est dommage c’est qu’y a un côté un peu « too much » dans la volonté de montrer que l’équipe technique maitrise l’animation. Je trouve certaines scènes, par exemple dans le ciel où les personnages volent avec des plans très spectaculaires sur fond de musique classique un peu pédantes. C’est plutôt un bon film mais le petit quelque chose qui fait défaut à ce film, c’est le côté un peu exagéré dans la volonté de montrer des belles images, de multiplier les scènes « tire-larmes » (certaines sont réellement émouvantes je le reconnais mais faut doser un peu!).
Je voudrais aussi apporter quelques précisions sur le « mérite » du film pour obtenir ce résultat et ce succès critique à Annecy et à Cannes, un temps pressenti pour représenter la France pour l’Oscar du meilleur film international (et pour l’instant populaire). A titre de comparaison, je trouve par exemple le film (même si il y a beaucoup moins d’effets mais on voit bien que c’est pas nécessaire pour que ce soit beau) « Interdit aux chiens et aux Italiens » (2023) d’Alain Ughetto encore plus poétique, et il a coûté 3,9 M d’euros contre 9,5M d’euros pour « Arco ». C’est important de le souligner parce qu’Ugo Bienvenu a donné une interview dans Libération qui m’a un peu surpris (par honnêteté intellectuelle je précise que je n’ai pu lire qu’une partie car c’est un article payant) où il déclare « On fait de l’artisanat, pas de l’industriel ». Je ne nie pas qu’il y ait un gros travail sur le film (5 ans de préparation), mais on parle ici d’un film qui est notamment co-produit par Natalie Portman et Netflix, j’ai pas tout à fait la même définition du cinéma artisanal.
Alain Ughetto a par exemple travaillé 9 ans sur une production indépendante, en façonnant certains personnages lui-même à la main, tout en étant le narrateur du film, issu de recherches poussées sur son histoire familiale. Bref, c’est pas un concours, mais quand on est co-produit par Netflix, Natalie Portman, qu’on a un budget de 9,5 M alors que le budget médian d’un film d’animation en 2024 par exemple est de 2,5 millions d’euros environ, on ne fait pas vraiment un film « à budget réduit » comme c’est indiqué dans l’article de Maze.fr .
Certaines scènes entre Arco (Oscar Tresanini, le fils de Juliette Tresanini qui a eu notamment son heure de gloire sur Youtube dans des courts-métrages avec Julien Pestel ou Audrey Pirault) et Iris (Margot Ringard Oldra) sont très réussies, notamment la scène où ils imitent le chant des oiseaux. Très bon travail sur les personnages du trio loufoque Dougie (Vincent Macaigne)/Stewie (Louis Garrel) et Frankie (William Lebghil). Vincent Macaigne est décidément un très bon acteur.