Après un très bon Domaine des dieux mais trop fidèle au matériau de base, le duo Alexandre Astier et Louis Clichy récidive quatre ans plus tard avec Le Secret de la Potion Magique.
Qui ne s'est pas demandé ce qu'étaient les ingrédients de ce breuvage en lisant les albums, à part le gui, bien entendu ? Avouez, on s'est tous, absolument tous, posé la question...
Ce long métrage ne prend pas l'histoire d'un album en particulier, mais s'inspire de plusieurs d'entre eux pour trousser une histoire inédite. Un peu de Devin, un peu de Tour de Gaule, pour ne prendre que les références évidentes... Et j’ai envie de dire " Putain il est fort ce con". Pourquoi?
Tout d'abord pour l'excellence des dialogues. Les vannes fusent, c'est souvent très drôle, et si vous êtes des inconditionnels de Kaamelott, vous saurez à quoi vous attendre. Puisqu’on en est là, on va parler voix : Roger Carel étant maintenant trop âgé, c'est Christian Clavier qui double Astérix. Un choix qui peut sembler étrange, mais finalement logique, étant donné que non seulement l'acteur a endossé deux fois le rôle ( bon ok, on ne retiendra que Mission Cléopâtre, le premier étant largement assez nul pour étendre le patrimoine de nanars hexagonaux), et qu'il réussi à trouver le ton juste, sans être hystérique (ouais parce qu'on ne sait jamais avec lui).
Ensuite, s'il y a une chose qu'on ne peut enlever à cet épisode d'Astérix, c'est son inventivité. Ça va très vite, mais il y a quasiment une trouvaille à chaque scène, à chaque plan. Même le combat final, j’ai fait " whoa putain!" c'est dire. C'est bien fait et presque au niveau des Douze Travaux, lui non plus pas inspiré d'un Album. Alexandre Astier aurait il trouvé en lui la flamme de Goscinny ? A ce niveau, on retiendra notamment la dénonciation du machisme dans plusieurs scènes (dont la phrase de fin prononcé par Panoramix, mais je ne vais pas spoiler). On voit d'ailleurs, alors que tous les hommes sauf le barde sont partis faire le tour de la Gaule pour trouver un successeur à Panoramix, que les femmes du village sont aussi très débrouillardes, bien plus qu'Assurancetourix, chef intérimaire. Le patriarcat de la société gauloise, dénoncée en sous-texte, en prend un coup. On notera aussi des noms toujours aussi drôles . Bref, cet Astérix est bourré de références, et de trouvailles, non seulement aux albums dont il puise sa matière première, mais aussi dans la pop-culture actuelle et aussi à l'actualité.
Techniquement, c'est toujours aussi bien fait. Et que dire des musiques du film, l'OST est géniale et variée. Et il fallait oser mettre "You Spin Me Round" de Dead or Alive, perle so 80's et kitch...
De plus, le rythme est rapide et on ne voit pas passer l'heure et demie de film. Moderne et actuel tout en conservant l'esprit d'origine, ce Astérix version Astier est sans aucun doute un excellent film d'animation de cette fin d'année, même si la concurrence est rude.