« Then teach me how to See. » JAKE SULLY 

En 1994, James Cameron écrit un script pour Avatar en seulement deux semaines. Deux ans plus tard, la production est supposé démarrer cependant James Cameron estime que la technologie existante ne lui permettra pas de donner vie de façon satisfaisante à sa vision de l’histoire. Il décide alors de mettre en suspens le projet en attendant que la technique s’améliore.

En 2005, James Cameron annonce être en train de travailler sur deux projet : d’abord l’adaptation du manga Gunnm et un nouveau long-métrage du nom de Project 880. On apprend très vite que ce fameux Project 880 est une version retravaillée de Avatar. Il pense pouvoir enfin réaliser son film, grâce aux avancées technologiques dans le domaine de l’animation des personnages en images de synthèse, citant notamment le Gollum ou le King Kong de Peter Jackson. D’ailleurs le script initial de Avatar qu’on pouvait jusqu’alors trouver sur Internet depuis des années semble alors avoir disparu de la circulation.

James Cameron retravaille sur le script, crée une culture pour les Na’vis (sa race extra-terrestre),  un langage, un environnement, une faune, une flore. Il avance si vite qu’il décide de réaliser son Avatar avant son adaptation du manga Gunnm.

Il compte même utiliser une caméra de sa propre invention afin de filmer les scènes en 3D. Le système utilise deux caméras reliées entre elles afin de reproduire la vision stéréoscopique due à la séparation entre les yeux humains.

Pendant ce temps, la 20th Century FOX est en proie au doute à cause de l’expérience douloureuse du dernier tournage de James Cameron : Titanic. Ce dernier avait accumulé les dépassements de budgets et les retards. Cameron propose même de diminuer son cachet pour convaincre le studio de se lancer à fond financièrement dans le projet. La FOX hésite à lâcher le projet jusqu’à ce que Disney tente de s’engager. La FOX accepte finalement de financer Avatar à hauteur d’environ 300.000.000 $ sans compter la promotion.

Le tournage peut alors commencer et James Cameron va utiliser une technique permettant une conception novatrice de la mise en scène dans le domaine du motion-capture et du cinéma virtuel. Il va concevoir un système de caméra virtuelle qui lui permet de se projeter dans l’univers virtuel et de visualiser en temps réel les personnages en images de synthèses créés à partir des données provenant de ses comédiens lors de la capture de mouvements. En pratique, le réalisateur tient une sorte de caméra dénuée d’objectif, marquée pour être repérée dans l’espace par les capteurs employés pour la capture de mouvements, constituée d’un cadre et d’un moniteur sur lequel est diffusé en temps réel une version basique du décor et des personnages en images de synthèses, permettant à Cameron de contrôler que le cadre reste correct.

La post production qui nécessite le plus gros du travail sur les effets spéciaux s’adjuge les services de la Weta Digital de Peter Jackson (et oui, on en revient à son Gollum et à son King Kong). La sortie cinéma de Avatar est prévu pour la fin d’année 2009.

Au XXIIe siècle, le monde que nous présente Avatar semble avoir guère évolué. Certes, la technologie a progressé, mais l’humanité a continué à se perdre et à s’enfermer dans un urbanisme galopant, où errent des millions d’âmes. Cette représentation de notre futur ne sera que brève, par l’intermédiaire de la présentation du personnage principal du film, un ancien marine ayant perdu l’usage de ses jambes, qui vit seul et avec bien peu de moyens. La suite le mènera, et nous mènera avec lui, vers un autre grand rêve de l’humanité : la découverte d’autres mondes. Une découverte poussée par de multiples motivations, avec la curiosité naturelle d’aller vers l’inconnu, la volonté d’étudier de nouvelles espèces, mais aussi la conquête et le profit. Des visions qui vont vite se heurter et cristalliser les enjeux.

C’est justement en croisant deux de ces aspects au sein d’un seul personnage que le film va alimenter son intrigue. Jake le marine a été envoyé en mission, mais c’est avant tout pour remplacer son frère jumeau, chercheur, qu’il intègre le projet « Avatar » qui permet à des êtes humains de prendre possession de corps de Na’Vi pour vivre parmi eux. En même temps, il doit rendre compte au colonel Quaritch, qui voit ces Na’Vi comme des obstacles dans ses souhaits de conquête et surtout dans son rôle de mercenaire épurateur pour des personnes souhaitant exploiter les ressources de Pandora. Cela illustre un conflit intérieur, entre bellicisme et pacifisme, peur et découverte de l’inconnu, qui se mue en une grande épopée sur le rapport de l’Homme à la nature, sur le passé et le futur de l’humanité.

Avatar va notamment puiser dans le western pour chercher ses inspirations, avec cette nouvelle ruée vers l’or, et ces colons armés se confrontant à des tribus autochtones qui tendent justement à s’inspirer de traditions amérindiennes et africaines dans leur représentation. Cette guerre qui se déroule devant nos yeux n’a rien de foncièrement novateur ni surprenant, avec une histoire relativement classique sur la forme, un périple initiatique qui suit les étapes habituelles. Et c’est d’ailleurs ce qui a souvent été le principal reproche : celui de confronter un film vendu comme révolutionnaire aux poncifs qu’il illustre à nouveau.

Dans la peau de Jake Sully, il y a Sam Worthington qui est assez transparent quand il incarne son personnage humain, mais paradoxalement, émouvant lorsqu’il utilise la motion-capture dans la peau de son Avatar Na’Vi.

Les deux visions qui tiraillent Jake Sully sont représentés par deux personnages. D’abord le colonel Miles Quaritch et de l’autre côté le docteur Grace Augustine. Ce deux personnages sont interprétés par deux gueules du cinéma : Stephen Lang et Sigourney Weaver.

L’ambition de James Cameron ne réside pas dans la volonté de tout révolutionner. Au contraire, cette histoire, dans sa simplicité et son universalité, a pour but de toucher tout le monde et de parler à tout le monde, comme dans la volonté exprimée par les personnages principaux de réunir des peuples d’horizons divers. Et c’est sur d’autres aspects que le film se montrera plus impressionnant ou surprenant. Notamment dans sa capacité à être un film d’ampleur, avec cette capacité à jouer avec les échelles et à rapidement confronter l’humain au gigantisme de ce qui l’attend (au début avec les immenses bulldozers ou en montrant un Na’Vi à côté d’un humain), quelque chose qui tend à être oublié dans d’autres grands blockbusters modernes. 

Je pense aussi à l’aspect technique avec ces effets spéciaux très poussés et l’avènement de la 3D moderne qui a été en grande partie porté par ce film. Avatar nous rapproche également de choses qui commencent à se matérialiser de façon de plus en plus concrète aujourd’hui, qu’il s’agisse d’aller sur d’autres planètes ou de l’incarnation d’autres personnages, notamment par le biais des métavers, chose qui se faisait plus via les jeux vidéo jusqu’ici.

Si la composition de James Horner (qui a déjà travaillé avec James Cameron sur Aliens et Titanic) ne révolutionne rien, elle reste onirique et épique lors de la bataille finale.

Avatar a marqué l’histoire du cinéma tant par sa prouesse technique que par son immense succès populaire. James Cameron a très largement contribué à l’avènement de l’ère du numérique et a démocratisé avec brio la technologie de la 3D devenue très controversée.  Choc esthétique, Avatar s’est rapidement frayé une place au panthéon des œuvres planétaires grâce à son récit mythique et son message écologique à dimension universelle.

StevenBen
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le 3 janv. 2023

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Steven Benard

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