Curieusement, je n'ai jamais pris le temps d'écrire un petit quelque chose sur le troisième Avengers. Pourtant, quoi qu'on en dise (je trouve, par exemple, que la première partie du métrage manque de linéarité, si bien que j'ai plus l'impression de regarder un épisode de Game of Thrones qu'un Marvel), Infinity War, c'est du jamais vu cinématographiquement parlant : réunir autant de personnages, qui ont été, au préalable, développés (ou simplement aperçus pour certains d'entre eux) dans d'autres films, dans un seul et même film, c'était un sacré challenge ! Certains diront qu'il y en avait trop justement (on parle quand même d'une bonne vingtaine de personnages qui se partagent l'affiche) mais, pour ma part, Infinity War, pris dans sa globalité, m'avait laissé un agréable souvenir car il avait su me divertir.

Pour tout vous dire, et j'avoue me sentir un brin candide en vous faisant part de cela, j'étais tellement pris dedans la première fois que je l'ai vu que j'ai même été jusqu'à me dire que Thanos avait véritablement réussi à faire disparaître la moitié de l'univers, y compris certains des super-héros principaux, et que les projets de suite annoncés avant la sortie du film n'étaient qu'un gros coup de bluff (sans compter que juste après la sortie du film, Netflix a amorcé l'annulation de ses séries Marvel, comme si le claquement de doigt de Thanos avait fait disparaître la bande des Defenders et autre Punisher). Pour cette seconde raison, j'ai trouvé que les frères Russo avaient fait fort car, je me dois de vous le préciser ici, je ne suis pas un gros fan des films de la Maison des Idées : si les précédents métrages du MCU ont le mérite d'avoir posé une base solide à cet univers étendu, pris un à un, il faut reconnaître que la plupart d'entre eux sont loin d'être mémorables. A titre d'exemple, les films d'entre-deux Avengers m'ont laissé de marbre : Ant-Man and the Wasp m'a moins convaincu que le premier, que j'avais bien apprécié pour le coup, et Captain Marvel m'a à peine diverti et ne m'a pas semblé très utile (le film apporte certaines réponses (dont on aurait pu se passer) aux questions laissées en suspens depuis le premier Avengers et fait donc office de remplissage).

Mais bon, il serait vain de revenir sur l'ensemble des films du MCU qui se veulent, dans l'ensemble un minimum distrayant et, en tant que blockbusters, c'est ce que l'on attend d'eux (en précisant, au passage, que j'estime que certains sont même plutôt très plaisants). Donc trêve de bavardage et parlons maintenant d'Endgame.

D'emblée, ce quatrième volet s'imposait comme étant plus monstrueux qu'Infinity War puisqu'il annonçait encore plus de personnages (faut croire que c'est possible) et battait le record de durée des films du MCU avec plus de trois heures de pellicules au compteur (vous me passerez l'expression). Par ailleurs, la promo du film avait su ne pas trop en dévoiler afin de conserver un minimum de surprise. Faut dire que les enjeux étaient colossaux puisque Endgame avait la lourde tâche de conclure un chapitre du MCU, l'occasion de faire peau neuve et de faire le tri parmi les personnages devenus (trop ?) nombreux, l'idée étant de passer le flambeau aux personnages plus récents (le Spider-Man de Tom Holland en tête) et de conclure les arcs de ceux qui ont de la bouteille.

C'est finalement après deux semaines (cela à son importance avec ce genre de film car, une fois sorti en salles, il faut passer entre les gouttes pour ne pas se faire trop spoiler) que j'ai pris le temps de le découvrir.

Vous connaissez la chanson : la suite de cette critique contient des spoilers.

Le film reprend là où nous avions laissé nos héros sur une Terre qui a pris un coup sévère dans sa croissance démographique et Tony Stark à la dérive dans l'hyper-espace. Le grand ennemi des Avengers, qui était également un bon point pour Infinity War puisqu'il avait droit à un minimum de développement (notamment sous l'angle de sa relation père-fille avec Gamora), passe, quant à lui, du bon temps en rase campagne sur une planète à quelques galaxies de notre planète bleue.

Après une première partie d'une quinzaine de minutes très percutante tant elle paraît trop facile (au menu : sauvetage in extremis d'Iron Man par Captain Marvel suivi par la mort nette et sans bavure de Thanos), le film fait, à la surprise générale, un saut dans le temps. Car oui, il aura fallu cinq ans pour qu'Ant-Man sorte on-ne-sait-comment de l'univers quantique, bien que, de son point de vue, seules quelques heures se soient écoulées et donne le tuyau du time heist au reste des Avengers. Malgré un Tony Stark réticent à l'idée du voyage dans le temps, il ne faudra pas longtemps pour réunir ce qui reste de la team, composée notamment par un Hulk qui m'a, pour le moins, laissé perplexe et un Thor Lebowski au cheveux longs hirsutes et qui noie son désespoir dans la mousse de la bière sous ses lunettes de soleil, et mettre au point le plan sauvetage.

A l'instar de la première partie d'Infinity War, ce second temps est assez chaotique : en plus de suivre plusieurs groupes de personnages, chacun ayant pour mission de retrouver les pierres de l'Infinité à des moments et en des lieux stratégiquement choisis (l'idée étant de faire une pierre, deux coups (voire même trois pour le groupe mené par Captain America qui revient à l'époque de l'attaque de New York), c'est-à-dire de retourner à des moments de l'Histoire où plusieurs pierres de l'Infinité se sont retrouvées dans une zone géographique réduite), le spectateur doit faire l'effort de se souvenir du contexte de chaque époque revisitée ou, plus précisément, de ce qu'il s'est passé dans les films concernés. Il faut également accepter la logique cause-à-effet adoptée par Endgame qui tente de changer la donne et qui se moque ouvertement des films de science-fiction sur les voyages dans le temps. Par ailleurs, le délire autour du personnage de Nebula m'a paru un peu bancal et s'apparente plus à une facilité scénaristique pour permettre l'arrivé d'un Thanos before the snap sur Terre.

Cependant, le fait de revoir certains personnages des précédents films du MCU est un plaisir auquel il est difficile de ne pas céder (j'ai, pour ma part, grandement apprécié retrouver Tilda Swinton dans le rôle de l'Ancien et la présence de Robert Redford m'a bien surpris). En outre, certains échos avec les autres films du MCU, que ce soit dans les situations ou dans les répliques, sont appréciables et donnent une dimension très nostalgique au film. On a même carrément droit à revoir des scènes qui parleront à beaucoup de personnes sous un angle différent (montrer la scène d'introduction du premier Guardians of the Galaxy d'un point de vue extérieur était très fun comme idée, par exemple). Mais c'est surtout la bataille finale qui a su rehausser le niveau : alors que tout semble perdu, Thanos n'étant pas venu seul, tous les personnages partis en poussière dans le volet précédent reviennent d'entre les morts et combattent ensemble. A la différence d'Infinity War dans lequel la guerre contre Thanos était menée sur deux fronts (sur la planète Titan et au Wakanda), l'ensemble de la galerie des personnages fait face ensemble sur le même champ de bataille... Et clairement, c'est épique ! J'ai bien conscience que la séquence est totalement disproportionnée et que ça pète de partout mais je n'ai, pour autant, pas boudé mon plaisir !

J'ai particulièrement apprécié les scènes avec Scarlet Witch, qui est très certainement mon personnage préféré du MCU, notamment celle en mode girl power où elle est entourée, entre autres, de Captain Marvel (qui est, par contre, complètement inexploitée, si bien que l'intérêt du personnage m'échappe encore), Valkyrie (qui a miraculeusement survécu aux événements d'Infinity War), Hope ou encore Gamora. Néanmoins, j'ai eu plus de mal avec le fait de voir Captain America se battre avec le marteau de Thor (bien qu'il y ait eu des précédents dans les comics, ça tombe un peu comme un cheveux dans la soupe ici). Heureusement, Chris Evans tire sa révérence sur une très belle note (même si elle apparaît peu cohérente par rapport à tout ce qui nous est expliqué dans le film) et moins clichée que la fin d'Iron Man. Etant donné la logique dans laquelle s'inscrivait Endgame, la fin des arcs de ces deux personnages emblématiques du MCU ne surprend pas. Cela dit, et bien qu'il paraissait évident que les héros allaient recourir au voyage dans le temps pour sauver les disparus, je pense qu'il n'y avait pas de meilleur fin possible pour Captain America. Quant à Iron Man, sa résolution se veut noble (forcément) mais, encore une fois, trop prévisible. Malgré tout, on appréciera, bien entendu, le fameux "I am Iron Man" en guise de réplique posthume.

En ce qui concerne les autres morts, le film se contente du minimum en terme de prise de risque. On regrettera quand même la mort de Black Widow et de Vision mais je n'écarte pas la possibilité d'une pirouette scénaristique concernant le personnage de Scarlett Johanson étant donné qu'elle est censée avoir droit à son propre film solo (ou peut-être qu'il s'agit bel et bien d'un coup de bluff, allez savoir). Mais, après tout, peut-être qu'elle ne reviendra pas et que cela ne sera pas un mal tant la séquence sur Vormir d'Endgame m'a pris aux tripes. Ce qui m'amène à vous dire un mot sur Hawkeye.

D'une certaine manière, j'ai trouvé qu'il y avait une volonté de rendre justice au personnage de Jeremy Renner : lui qui était totalement inexploité dans Thor et dans le premier Avengers et carrément absent dans Infinity War, l'archer qui n'avait été mis en avant (de manière relative, certes) que dans Age of Ultron, se voit ici attribuer une importance plus significative. En effet, Endgame s'ouvre avec la disparition de la famille de Clint. Désemparé, ce dernier va ensuite devenir un tueur à gage, traquant et massacrant ses cibles aux quatre coins du monde. Si on pourrait reprocher le fait que cette facette du personnage ne soit que trop peu exploitée, j'ai trouvé que la scène des retrouvailles avec Black Widow était suffisamment parlante puisqu'on apprend plus tôt dans le film qu'il a passé les cinq années suivant le snap à manier le sabre en tant que mercenaire. Une fois revenu auprès des Avengers survivants, il y a comme un retour à la normal pour le personnage. Par exemple, c'est lui qui va se porter volontaire pour tester le GPS temporel mis au point par Tony Stark. De plus, il est également prêt à donner sa vie pour obtenir la pierre de l'Âme et récupère même le gant de l'Infini sous les décombres de la base des Avengers durant la dernière partie du métrage : autant dire que sans lui, il aurait été beaucoup plus coton de vaincre Thanos et son armée (j'en profite ici pour faire un petit rapprochement avec le Retour du Roi car la résolution de la bataille d'Endgame m'a fait penser à celle de la bataille de Minas Tirith avec l'arrivée des fantômes : dans les deux cas, les batailles en imposent mais prennent fin trop facilement). Même Black Panther semble se rendre compte de son importance en l'appelant par son prénom lors de la bataille finale (un écho à Civil War qui m'a bien fait sourire), c'est dire ! En tout cas, avec Hawkeye, j'ai su trouver le drama que je souhaitais voir dans ce quatrième volet.

Néanmoins, cela est largement contrebalancé avec les personnages de Thor et de Hulk qui apportent un humour poussif à souhait. Même Ant-Man et Rocket ne sont pas aussi lourds ! Mais bon, pour être tout à fait franc, je n'ai pas pu m'empêcher de rigoler à la plupart des scènes avec le dieu du tonnerre. Le traitement de ce dernier n'est pas sans rappelé celui auquel il avait eu droit dans Ragnarok : face à la défaite, Thor opte pour la désinvolture et la déni et se renferme sur lui-même. En soi, ce n'est pas une mauvaise idée mais sa mise en œuvre est trop forcée. S'il était permis d'espérer que l'asgardien se reprenne en main rapidement, il n'en est finalement rien, rendant son développement peu compatible avec le contexte et le ton d'Endgame. Du coup, Thor garde sa bedaine tout le long, y compris lorsqu'il décide de partir à l'aventure avec les (As)Gardiens de la Galaxie, de quoi promettre un troisième volet folklorique pour la bande de Star Lord. Comme le dit très justement trineor dans sa critique, l'écriture du personnage a fait un sacré virage depuis ses débuts. Dans une moindre mesure, on constate également cela avec Thanos qui est, dans Endgame, nettement moins profond qu'il ne l'est dans Infinity War puisqu'il ne mesure pas encore ce que va lui coûter sa quête. Son seul objectif ici est d'empêcher les Avengers d'annuler ce qu'il réussira à faire d'ici quelques années ou, autrement dit, de les empêcher d'accomplir son destin ("I've served tyrants most of my life. They all talk about destiny" disait Varys à Tyrion dans l'épisode 4 de la dernière saison de Game of Thrones : rien de plus approprié en l'occurrence !). Partant, la confrontation est beaucoup plus manichéenne. Cela est regrettable puisque ce qui avait été fait du personnage dans Infinity War et qui faisait du tyran un personnage intéressant est passé à la trappe au moment où Thor lui a porté le coup de grâce durant la première partie. Fort heureusement, ce jeune Thanos n'occupe pas une place si centrale et son temps de présence à l'écran n'est pas trop important. De même pour Hulk, avec qui la pilule a eu du mal a passé.

Pour conclure, malgré le fait que le niveau du film soit assez inégal dans la durée, j'ai trouvé qu'Endgame remplissait sa mission qui consistait à conclure la première ère du MCU, bien que les frères Russo n'aient pas pris trop de risque pour ce faire, et que les trois heures de métrage passaient plutôt bien ! Ma préférence a plus tendance à s'orienter vers Infinty War, qui me semble plus compréhensible et intéressant, mais la dernière partie du quatrième Avengers ne m'a pas laissé indifférent et a su me mettre des étoiles dans les yeux ! 7/10 !

vic-cobb

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