Depuis quelques années, je commençais à être méfiant quant aux nouveaux projets de Tim Burton. Moins enthousiaste à l'idée de voir ses nouvelles réalisations, moins passionné par son univers. Il était rendu à parodier son propre cinéma. Alice au pays des merveilles (2010) ou Dark Shadows (2012) étaient des films bien trop kitschs. Tim Burton avait déjà fait mieux par le passé en restant tout autant dans un univers très coloré et fantastique, qui on le sait, lui est cher. Je pensais avoir perdu ce Monsieur que j'ai tant aimé durant sa période en or, les années 90.

Et bien, Tim Burton marque un grand retour avec ce Big Eyes. C'est un retour à un cinéma plus intimiste auquel on a le droit, en délaissant complètement l'univers du fantastique. On est loin de son cinéma habituel. Une bonne chose en soi. Il y a du changement et Tim Burton se renouvelle pour notre plus grand plaisir. Une bonne raison de foncer voir le film.
D'autant plus que hop, "exit" Johnny Depp et Helena Bonham Carter et place à des petits nouveaux notamment Amy Adams et Christoph Waltz.
Tim Burton s'est même de nouveau entouré des scénaristes ayant écrit Ed Wood, précédent biopic et histoire vraie de Tim Burton il y a déjà 20 ans.

Car avec Big Eyes, Tim Burton dresse le portrait d'une femme fragile, Margaret Keane (Amy Adams) qui pendant plusieurs années va se faire manipuler par son mari, Walter Keane (Christoph Waltz) afin qu'elle peigne des toiles à sa place. Une série de portraits d'enfants affublés de gros yeux vont les rendre célèbres dans les années 50 et 60.
Le duo d'acteurs Amy Adams/Christoph Waltz est parfait. Il fonctionne très bien, l'alchimie est évidente. Amy Adams est d'une justesse implacable. Elle illumine l'écran à chacune de ses apparitions. Christoph Waltz quant à lui, est toujours formidable. Son humour est toujours décapant en plus de tout pouvoir jouer: De la personne pour qui on s'attache rapidement au mari sans scrupule prêt à tout pour réussir et être sur le devant de la scène. Et plus le film avance, plus on a tendance à le détester. L'évolution de son personnage est réussit, sa performance est remarquable.
Dommage que le reste du casting soit beaucoup trop transparent. Les rares apparitions de Krysten Ritter, Danny Huston et Jason Schwartzman, on peut les compter sur les doigts d'une main. Voire de deux mains (mais je suis sans doute trop gentil...).

Et même si le "fantastique" est aux abonnés absents durant ce film, il n'en reste pas moins un film très coloré. Le San Francisco des années 50 est resplendissant. On reconnaît la générosité de Tim Burton pour les images qu'il nous offre.

Je ne pense pas que le film est revendiqué comme tel, mais on pourrait également le voir comme un tableau illustrant le portrait et la place des femmes dans la société américaine à cette époque, à travers le personnage d'Amy Adams. Dans les années 50, les femmes restaient soit au domicile familial ou n'héritaient que d'un simple travail de second plan. Les hommes étaient davantage dans la lumière. Les femmes ne s'affirmaient pas forcément, mais ça allait changer dans les années 60...

Et comme dirait Margaret Keane: "Les yeux sont le miroir de l'âme,...et la peinture est quelque chose d'intime."

Reste que lorsqu'un art comme le cinéma, croise celui de la peinture et l'art d'émerveiller de Tim Burton, ça donne de belles choses. On se délecte.

C'est un joli 7,5/10. Foncez.
Sawyer17
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le 30 déc. 2014

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Sawyer17

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