Une suite au sympathique Black Phone ne coulait pas de source et n'était pas des plus nécessaires si l'on veut être tout à fait honnête.
Son annonce avait tout du casse gueule dès lors que la fin apportée au film original était des plus définitives.
Comment alors continuer à reproduire le masque du démon sur des affiches préventives sans pour autant sombrer dans l'escroquerie ?
La réponse apportée par Scott Derrickson est plutôt bien vue, à défaut d'être totalement originale.
Mais il faut aussi être réaliste : Black Phone 2 n'égalera jamais totalement son modèle.
Ce n'est pas faute pour Derrickson d'apporter quelques changements à sa formule. Exit donc la peinture du terme des années soixante-dix tirant vers la fin de l'été, ou encore la tension en forme de huis clos étouffant dans une chambre délabrée. L'oeuvre préfère désormais camper en plein hiver, à ciel ouvert.
Les personnages principaux n'en sont cependant pas moins prisonnier. Tout autant de la tempête qui fait rage que de l'histoire des origines de certaines disparitions.
… Et des cauchemars de la nouvelle héroïne du film. Qui permettent donc de faire revenir l'ombre perverse de l'Attrapeur autrefois défait. Mais toujours bien vivant par les traumas qu'il a semés sur son passage. Illustrant des scènes horrifiques pour le moins efficaces.
Au point que le dispositif de Black Phone 2, tout comme la puissance de son boogeyman, imposeront sans doute l'oeuvre comme un quasi remake officieux des Griffes de la Nuit, l'Attrapeur confirmant sa parenté et l'emprunt de ses vices avec la perversité de Freddy Krueger, tout comme son terrain de chasse onirique.
Le film reprend aussi tout ce qui faisait le charme de son aîné, et plus particulièrement son amour pour ses personnages et la dynamique de son duo. Le fait de pousser la jeune Gwen sur le devant de la scène permet de creuser par ailleurs l'histoire de cette famille dysfonctionnelle, tandis que ses cauchemars éveillés prolongent le cachet esthétique particulier du premier volet et cette impression d'entre deux qui s'en dégageait.
Dommage cependant que Scott Derrickson ait choisi de ne pas jouer à plein sur la confusion entre le rêve et la réalité, qui aurait été l'occasion de faire perdre pied de manière définitive tant aux personnages qu'au public. Car en l'état, chaque changement est balisé de manière assez lourde par le réalisateur, révélant l'aspect un peu mécanique de son effort.
Tout comme il proposera, cahier des charges oblige, une énième explication familiale bien appuyée, dont Black Phone 2 aurait pu se passer sans doute.
Il reste cependant à la fin de la séance de très bonnes sensations horrifiques, tout comme un certain soulagement, dès lors que cette suite ne trahit pas le propos de son aînée, mais en constitue au contraire une exploration et un prolongement plutôt fidèle de ce qui se cachait derrière le masque.
Behind_the_Mask, ♪ Le téléphone pleure... ♫