C'est le première fois que je vois un film qui parle aussi bien de ce que c'est que de grandir, d'être un garçon, d'une ville moyenne, d'une classe moyenne.
c'est la première fois que je vois un film qui s'intéresse réellement a ce qui fait la vie d'un garçon des années 2000, les rapports qu'il a à ses parents, a sa sœur, a ses copains, a lui-même.
c'est la première fois que je vois un film qui me montre le banal comme tout le monde l'a vécu, Mason n'est pas harcelé, il n'y a pas de drame familial, il ne devient pas homosexuel et ne meurt pas la fin, il a une histoire normal.


Le film cerne parfaitement bien son sujet, filmer le quotidien, filmer la vie, ce qui fait la chaire de la vie, c'est a dire l'ordinaire, montrer que la vie en sois est un parcours formidable, plein de péripéties, de rebondissements, d'inattendus, dans son ordinarité même.
Le film a évidemment la délicatesse de ne pas nous montrer les premières fois, ou les moments "importants", on ne verra pas sa première fois sexuelle, son premier baiser, l'obtention de son permis etc, tout simplement parce que la vie n'est pas faite de première fois, parce que la vie est un parcours lent ou il ne se passe rien 340/365, et ca serait mentir que de dire que la vie n'est qu'en tourbillon d'évènements extraordinaires.


Mais toute la beauté du film se situe évidemment dans le constat qu'en fait ce dernier, car contrairement a ce que j'ai l'air de dire, la vie n'est pas ennuyeuse, et c'est justement sa trivialité qui créer son charme, c'est justement la banalité de la vie qui fait de nous des humains, qui nous rend si sensible a ce qui nous entoure, aux gens qu'on aime, qu'on est attaché a ce qui nous est cher.
dans un monde qui ne serait fait que de première fois, ou d'évènements spectaculaires, quelle sensibilité aurions nous face a l'ordinaire ? face aux autres humains ? face aux émotions ?


La scène ou Mason et son père son dans sa nouvelle voiture résume ce que je viens de dire.
Le père de Mason lui avait promis de lui donner sa voiture (mustang ou chevrolet, je ne me souviens plus) quand il serait plus grand, cependant depuis le temps ou il lui avait fait cette promesse, du temps s'est écoulé, et Evans (le père) a trouvé une nouvelle compagne et a du se séparer de cette voiture. Mason est évidemment attristé par la nouvelle et le prend comme une trahison.
Quelle scène sublime, a qui ca n'est pas déjà arrivé ? une promesse faite en l'air par des parents qui veulent faire rêver leurs enfants, la réaction de Mason est d'une justesse folle, il est dégouté et ne comprend pas.
Il ne comprend pas que son père ai pu lui faire ca, lui qui attendait ce moment depuis des années, Linklater n'essai pas de le rendre plus grand qu'il n'est ou de lui apporter une maturité qui le ferait passer au dessus de tout ca, il réagit exactement comme un enfant de 13 ans, qui aura toujours cette rancœur, de plus en plus petite certes, mais bien présente en lui.
Surtout quel attachement aurait-il eu a cette promesse si sa vie n'était faite que de premières fois ou d'évènements spectaculaires ? On revient a l'attachement de l'ordinaire, aux plus petites choses de la vies qui nous comblent de bonheur ou nous emplissent de tristesse


Evidemment les acteurs jouent énormément dans le récit, c'est une très grande idée (il n'est surement pas le premier) d'avoir gardé les mêmes acteurs tout au long du film, il y a une réelle identification.
Je suis bref, la critique est deja longue...


Ce récit quasiment autobiographique de Linklater est d'une incroyable justesse, et saisi vraiment quelque chose de son temps, il est, selon moi, le représentant de ce qu'a été l'histoire de millier/millions d'enfants qui ont grandi dans les années 2000.
C'est ce genre de film qui nous dit que notre vie est intéressante, il y a une très forte identification aux personnages, un film qui parle de tout le monde et ca fait du bien, surtout dans la spectacularité cinématographique dans laquelle nous baignons.

III-II
9
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le 6 déc. 2021

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