Brooklyn n'a pas fait beaucoup de bruit cette année, pourtant bien que le film soit en effet assez classique dans narration, il n'en demeure pas moins être un joli portrait de femme et de manière plus générale une belle histoire.
La véritable qualité du film réside dans son désir de vouloir porter un regard féminin sur le rêve américain, à travers le personnage d'Ellis campé par la belle Saoirse Ronan. Le film parvient sans problème à instaurer son ambiance et à traduire les émotions des personnages. L'expatriation d'Ellis est d'ailleurs très bien rendue, on regrette seulement les grosses ficelles du scénario qui s'attache à ne dépeindre qu'un simple triangle amoureux pour poser les enjeux du personnage principal. En effet Ellis doit choisir entre son pays natal et son pays d'adoption, mais aussi entre les deux hommes qui y vivent. J'aime à penser que le couple était suffisant pour parler des choix du personnage, choix qui auraient orientés l'histoire vers une question plus originale. Ellis doit-elle renoncer à son époux et retourner en Irlande ou bien son amour est plus fort que le mal du pays ? Néanmoins la toute fin du film rehausse le niveau de ce côté-ci, la morale très hollywoodienne fonctionnant à merveille.
Néanmoins si le film demeure assez cliché dans sa dramaturgie, il n'en demeure pas moins beau, d'autant plus qu'il est porté par un excellent casting. Saoirse Ronan est impeccable comme toujours, ses yeux sont totalement fascinants. Emory Cohen est également plein de justesse, quant au beau Domhnall Gleeson il compose un personnage sobre et juste lui aussi. Tous sont d'ailleurs sublimés par la mise en scène discrète mais pas sans onirisme de John Crowley. A noter aussi que le travail sur les lumière et la photographie est superbe, ajoutant encore un peu plus à la traduction des émotions des personnages par l'image. Ce n'est pas de l’expressionnisme à proprement parler, mais c'est très beau en tout cas.
Brooklyn est donc un joli film, certes souvent cliché mais néanmoins assez captivant pour que l'on ait envie d'aller jusqu'au bout. Moi qui avait peur de m'ennuyer, je dois avouer que j'ai été agréablement surpris.