J'écris à cette date la 474e critique sur ce film : je ne vais donc pas répéter ce que beaucoup d'autres ont déjà dit et brillamment exprimé concernant les origines du film, ses premières versions... Allons à l'essentiel.


N'étant pas familier du roman de King ni des premières adaptations cinématographiques de Ça, je ne connaissais que très peu l'histoire de Pennywise dans sa bonne ville de Derry. Mais j'ai vite été rassuré par la scène d'ouverture du film : celle-ci est tout simplement parfaite, avec une ambiance effroyable dès les premiers instants, bien que nous découvrions juste les protagonistes. Le pauvre Georgie sert au réalisateur de pâture pour présenter dans une scène oppressante le clown maléfique : horrible mais très efficace. Le fait de montrer à l'écran Pennywise/Grippe-Sou dès le début empêche ce temps d'attente que l'on peut voir dans de trop nombreux films avant de voir le grand méchant à l'action quand bien même on sait exactement à quoi il ressemble.
En réalité, cette scène intelligente permet d'avertir le spectateur sur ce qu'il va découvrir par la suite, et permet de même de poser un thème central du film, c'est-à-dire la recherche de Georgie par son frère Bill. Bref, la scène presque idéale quoi (oui, on voit quand même un enfant de 6 ans se faire déchiqueter le bras...).


Ensuite viennent la découverte du club des Ratés, s'élargissant petit à petit à mesure que chaque personnage ou presque obtient son face-à-face avec le clown. Et c'est ici qu’apparaît mon premier hic : ce qui est présenté comme un film d'épouvante peine à remplir ce rôle : on sait que chaque enfant va le rencontrer, ainsi on sait exactement quand il va apparaître, empêchant tout effet de surprise. Toutefois, observer les différentes formes prises par Pennywise reste intéressant. Ainsi, cette série de rencontres bloque le film pendant une bonne demi-heure, où on comprend vite qu'aucun des enfants ne sera capturé ou mangé ou je ne sais quoi d'autre dans un premier temps.


Toutefois, on s'est bien familiarisé avec chacun des enfants, et on commence déjà à être pris de sympathie pour eux, en particulier Bill au vu de ses problèmes d'élocution. Par ailleurs, je trouve un peu trop caricatural l'opposition évidente entre les gros durs du bahut et les enfants victimisés mais bon, rien de choquant pour autant.


Quoique le moment ou Ben se fait lacérer le bide soit osée.


Et c'est alors que vint ma grosse crainte : l'arrivée de Beverly dans le club des Ratés, au milieu de garçons exclusivement. Et heureusement l'affaire est intelligemment traitée par le réalisateur qui ne nous offre pas de romance niaise à la Stranger Things saison 3 Eleven-Mike. Berverly est montrée sous un angle affirmé à l'extérieur mais bien plus fragile qu'il n'y parait, notamment au travers de sa relation avec son paternel, donnant à cette jeune fille en quête d'identité une facette unique et touchante.


La scène où Beverly se coupe les cheveux est révélatrice de cela : c'est l'image d'une renaissance pour une fille moquée et mal considérée.


Alors que l'on pensait l'intrigue focalisée sur Bill, chacun des enfants parvient à tirer son épingle du jeu et ce n'en donne au film qu'une plus grande variété. Chacun a une raison propre de chercher ou d'éviter le clown. Toutefois, le personnage interprété par Finn Wolfhard me gêne un peu : le mettre dans le film seulement pour lancer des conneries ne sert pas à grand chose. Mais bon d'un autre côté, étant en adoration devant Stranger Things, il peut faire ce qu'il veut c'est pas grave :) D'ailleurs, c'est après le film que je me suis rendu compte qu'il surfait sur une petite nostalgie à la mode des années 80-90, lui donnant une atmosphère attachante. Par ailleurs, une particularité de l'univers du film me laisse pensif : d'accord, les parents ne parviennent pas à voir Ça et ses actes, mais pourquoi ?


Par exemple, lorsque Beverly se fait asperger par le geyser de sang sortant du lavabo, le père ne voit rien en entrant.


C'est ce genre de non-dits qui constituent pour moi une faiblesse du film. C'est le cas lorsque Ben se rend compte de la réapparition de Ça tous les 27 ans, on ne sait pas pourquoi c'est cette fréquence qui est adoptée. Cela est peut-être expliqué dans l'oeuvre de King, ou dans le prochain opus à sortir au cinéma, mais j'aurais aimé le savoir.


Soit. Une fois la bande au complet et au courant du danger qui la menace s'engage une chasse au monstre, sans grande craintes apparemment, étonnant lorsqu'on sait que Pennywise peut se changer en les plus profondes peurs de chacun, et encore plus après la scène du vidéoprojecteur, prévisible car vue dans la bande-annonce mais bien menée. La première expédition du groupe dans la maison hantée reste quand même l'un des moments les plus aboutis du film : on sent véritablement pour la première fois les héros en danger, sans savoir comment ils finiront. Mais là, encore un petit problème : cette scène fait selon moi perdre au clown son aspect diabolique et de hauteur, après qu'aucun enfant n'ait rien subi au final.


On notera au passage une belle scène d'effroi lorque tous les enfants se retrouvent dans la même pièce que Pennywise alors que celui-ci titube seulement en ayant un tuyau en métal enfoncé dans le crâne. Une scène forte sur le plan émotionnel.


Après cela, on se doute bien que les enfants vont trouver un moyen de lui botter le cul. Si l'enlèvement de Beverly constitue le prétexte de la visite finale des enfants dans le repaire du clown, il également utile en deux points. Primo, cela permet d'en apprendre davantage sur les capacités du clown et de sa réplique favorite : "You'll float too". Deuxio, on craint vraiment pour le devenir de l'héroïne, surtout après avoir vu la fin de Georgie.
Ainsi, le jeu de cache-cache et de confrontation avec le clown tourne un peu court à mon goût, et porte assez atteinte selon moi à la crédibilité du méchant. On sent très bien que les enfants vont gagner, même si la confirmation de la disparition de Georgie reste un moment émouvant.


En ce qui concerne la musique, pas de grande envolée lyrique qui n'est pas nécessaire dans ce genre de film, mais des morceaux doux et oppressants, bien assortis aux scènes où ils sont couplés selon moi. Sur le plan cinématographique, esthétique et compagnie, je ne suis pas un fin connaisseur mais je ne crois pas que ce film ait eu la prétention de révolutionner le genre horrifique au cinéma, mais les scènes sont plutôt bien tournées, même si certaines dans un environnement sombre restent perfectibles il me semble.


**Alors, on récapitule : une bande d'enfants en vélo, un monstre qui ouvre la gueule, les années 80, Finn Wolfhard : cette saison de Stranger Thi... Ça reste donc un film cohérent, où les 2 h 15 passent avec une grande rapidité, avec une intrigue intéressante bien que loin d'être tortueuse : un bon ensemble pour introduire une éventuelle saga, du moins le deuxième chapitre dans un premier temps, en répondant je l'espère aux interrogations laissées en suspens. En somme, je ne serai pas le dernier à aller le voir au ciné... **

vivecormeroyal1
7
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le 7 août 2019

Critique lue 110 fois

titi chacha

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