Pas si mortel que ça

Un film avec une contribution de Peter Jackson, voilà une raison suffisante pour aller voir ce film dans les salles obscures. Un nouvel univers post-apocalyptique avec une promesse d'effets spéciaux à gogo, deuxième raison. Alors allons-y sans réfléchir !

Mortal Engines laisse un goût quelque peu mitigé : on ne sait pas trop quoi en penser en sortant de la salle, entre claque visuelle et gouffre scénaristique sur de nombreux points. Si l'idée d'une terre devenue quasi-stérile cent ans après une catastrophe ayant fait exploser l'écorce terrestre est de mon point de vue non pas novatrice mais intéressante, cet univers n'est malheureusement que survolé par le film, à aucun moment on ne comprend où on se trouve, comment ces villes mouvantes ont fait pour être comme elles sont...enfin bref, allons-y dans l'ordre.

Les dix premières minutes du film sont sans conteste les meilleures du film : l'immense et terrifiante Londres course une petite ville marchande de sel dans une mise en scène léchée et avec une puissante bande-son qui vous plonge dans le film et vous met le sourire au coin des lèvres, tellement qu'on ne voudrait qu'elle ne s'arrête pas.
Ensuite, lorsque la cité et ses habitants "ingurgités" arrivent dans Londres, j'ai beaucoup aimé le mystère toujours gardé autour du personnage principal, très intrigante, jusqu'à ce qu'elle poignarde Thaddeus Valentine : c'est au moment du gros plan sur son visage sans foulard au ralenti en face de Tom que je me suis dit : là ça pue la romance à la con, simple prémonition hein...
C'est à partir de ce moment que la qualité du film a selon moi commencé à chuter. Si les scènes d'action comme la course-poursuite dans la ville ingurgitée entrain d'être mise à la casse sont très réussies visuellement, la question des personnages me pose un problème. Aucun d'eux n'est développé ni mis en valeur, et l'intérêt de l'intrigue s'en retrouve de beaucoup diminué, puisque le peu qu'on nous donne à voir de ceux-ci permet de prévoir 1 heure à l'avance ce qu'ils vont faire, une vision manichéenne basique s'en dégage même : Thaddeus c'est le méchant ambitieux quand Hester Shaw est la gentille qui veut venger sa maman.

En ce qui concerne les personnages satellites comme "Fleur du vent" (qui nous donne une merveilleuse explication sur son nom...) ne sont là que pour combler les vides dans le film tant on ne s'y attache pas et on ne sait pas d'où ils sortent, depuis quand, comment ? Il y a trop de questions qui restent à la fin du film et qui empêchent de bien l'apprécier. Seul le ressucité Schrike a trouvé grâce à mes yeux, et même si lui aussi on ne sait rien sur lui et comment il en est arrivé là, j'ai apprécié l'idée qu'il ait été humain et qu'il souhaite qu'Hester lui ressemble : les "robots" auraient donc des émotions ? Piste intéressante mais sous-développée c'est dommage.

Ensuite, les dialogues entre les personnages sont assez... on va dire vides pour ne pas dire autre chose, les 20 dernières minutes sont abominables de ce point de vue, et si l'important dans un film est l'impression laissée sur la dernière scène, celle-ci est vraiment ratée, avec un dialogue entre Tom et Hester qui aurait pu ne pas exister (ça a même réussi à me faire rire). D'ailleurs, les 20 dernières minutes en général sont beaucoup mais alors beaucoup trop rapides, on se rend compte qu'il y a un mur infranchissable soit disant, qui ressemble très étrangement à celui du Mordor au passage, que derrière c'est Shangri-La avec Confucius pour t'accueillir : on ne nous explique rien, tout semble le plus naturel du monde mais là encore trop de questions restent sans réponse. Alors je me dis quand même chouette on va voir une belle scène de bataille entre Londres et la flotte "confédérée" (du niveau de la Résistance dans Star Wars 7 avec un parallèle Poe Dameron/Tom que m'a soufflé un ami), dont on ne sait rien là encore à part qu'elle est opposée au monde des cités prédatrices, et bah non on trouve le moyen de faire mourir 9/10 de la flotte en même temps qu'on détruit la muraille avec l'Etoile de la Mort. Néanmoins, l'assaut des 3-4 vaisseaux restant sur Londres reste spectaculaire et plaisant.
Pour la BO, il y a du très bon comme du moins bon mais je crois qu'elle ressemble ainsi à l'ensemble du film.

Au final, ce Mortal Engines, qui apparemment n'est que le premier d'une saga, m'a ébloui visuellement mais m'a paru trop faible au vu du potentiel que ce nouvel univers portait : l'ensemble ne parait pas très cohérent compte tenu d'une facilité trop importante au niveau du scénario.