♫ Musique ♫


Dans un appartement New Yorkais des plus banals, deux couples ordinaires se rencontrent suite à une bagarre entre leurs deux enfants respectifs. Les parents de la « victime » vont ainsi pouvoir s’expliquer avec les parents du « coupable ». Bien que les échanges débutent dans un contexte des plus cordiales, ils vont très vite se dénigrer jusqu’à glisser dans un véritable affrontement, passant ainsi du politiquement correct au carnage total !


Roman Polanski, réalisateur franco-polonais, déjà largement reconnu comme figure majeure du 7ème art par la maîtrise technique de ses films et ses audaces formelles, compte à sa filmographie des films à succès tel que le Bal des vampires (1967) ou encore Le pianiste (2002). Il revient en 2008 avec Carnage qui est l’adaptation de la pièce de théâtre, le Dieu du carnage, écrit et mise en scène par Yasmina Reza. Éternel pessimiste, Polanski est toujours à la recherche du mal sous toutes ses facettes, en traitant souvent des passions excessives, des tréfonds noirs de l’âme humaine ou encore des oppressions psychologiques ; ceci toujours dans un univers emprunt à l’absurde, l’ironique et le paranoïaque.


Fasciné par la destruction et l’autodestruction, il met en scène deux couples qui, s’ils semblent au premier abord les plus respectables, vont rapidement se découvrir et laisser apparaître leurs vrai nature : caractérielle, hystérique, dépressive… et ainsi conduire a une sorte de destruction de leurs images qu’ils renvoient et se renvoient. Ces deux couples sont incarnés par Jodie Foster avec John C. Reilly, d’une part et Kate Winslet avec Christoph Waltz, d’autre part ; la qualification et la renommée des acteurs ne sont plus à prouver et par conséquent, ils réussissent à porter ce film, en jouant avec justesse et talent.


Si au départ les parents de la victime et les parents du bourreau sont bien définis, ces rôles vont au fur et à mesure s’atténuer, voire même s’inverser. Cette ambiguïté du mal et du rapport entre victime et bourreau étant l’une des caractéristiques, des films de Polanski. Le destin de ces quatre protagonistes est mis en scène avec un certain plaisir pervers dans un contexte culturel qui se veut élever, élitaire et sophistiqué alors qu’en réalité nous sommes propulsés dans un univers de violence et irrationnel, ce qui donne ce coté malsain.


Présenté dans un univers clôt et théâtral, pratiquement tout le film se passe dans cet appartement qui devient la scène présentant les relations humaines, avec des dialogues cinglants et excellents. Rythmé par le téléphone qui sonne, c’est une longue régression de la civilisation ; passant d’individu civiliser et évoluer à des personnes emprunts à leurs pulsions et leurs natures. Le goût de Polanski pour une photographie parfaite et son approche extrêmement cadré de la mise en scène avec une technique lisse et calculée, nous donne des plans et des images sublimes.


Ce véritable théâtre où deux couples vont laisser libre cours à leurs pulsions et leurs violences, présente non seulement les relations humaines mais aussi la véritable nature de l’Homme : avec sont égoïsme, sa violence…


La réplique de Kate Winslet :



Je me torche le cul avec vos Droits de l’Homme



en est une belle représentation, puisque celle qui était d’un milieu plus raffiné et évoluer, finalement renie tout lien avec ce qu’on pourrait qualifier de civilisé, laissant place ainsi à la loi du plus fort, des tribus plus sauvage, et au carnage.



Homo homini lupus : l’homme est un loup pour l’homme


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le 3 mai 2015

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Beezell

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