Du temps de l’enfance, Casper était de ces VHS usées jusqu’à la moëlle, tout y confinant au fascinant : un soupçon de frisson pour le bambin, un héros attachant et une triplette d’esprits farceurs « ambiguës » et, bien plus encore, le décor d’un manoir bigarré ne ressemblant à rien d’autre, exacerbant l’imagination des plus jeunes spectateurs.


Si aujourd’hui tout cela est encore relativement vrai, le long-métrage du rookie d’alors Brad Silberling (qui n’a guère percé depuis) constitue un divertissement plutôt poussif : l’antagonisme incarné par Carrigan et Dibbs (qui rappellent beaucoup Médusa et Snoops dans The Rescuers) est unidimensionnel, excessif et caricatural, n’en déplaise à quelques excentricités surprenantes, marque d’un récit facile quoiqu’original par certains aspects.


Nous pourrions alors avancer que, le temps passant, nous ne sommes plus la cible de cette histoire de fantômes espiègles, mais pareil raccourci serait malvenu : de fait, la « férocité » de certains dialogues surprend, au même titre que l’usage de thématiques nullement anodines (le deuil étant la plus évidente)… quand bien même celles-ci seraient au service d’une narration privilégiant des gags inégaux pour progresser.


In fine, le plus gros problème tient peut-être du fait que les « déboires » de Casper ne parviennent pas à nous passionner, ce qui est paradoxal au regard de la sympathie qu’il inspire. À contrario, le personnage de Kat (interprété aux petits oignons par Christina Ricci) est davantage touchant, comme en opposition à l’emploi résolument cartoonesque de son paternel (pourtant sujet au blues) : au moins, son association aux trois « oncles » a le mérite d’être majoritairement poilante, le long-métrage s’arrogeant une ironie et un humour noir salvateur.


Puis, force est de constater (une fois encore) que Whipstaff Manor est un motif de satisfaction à lui seul : fort d’une architecture particulière, il nourrit une atmosphère unique et nous captive au moyen de ses couleurs tortueux, portes à la dérobé et pièces secrètes. Enfin, que dire de plus si ce n’est que les grosses ficelles auxquelles s’adonne Casper, très peu regardant en matière de cohérence, ont tôt fait de nous ramener sur terre : d’ailleurs, sa technique largement dépassée (mais louable pour l’époque) parachève cette vive impression de... pauvreté.


À l’image de quelques séquences baignant dans une douce lumière, brefs instants où l’émotion point pour le mieux, Casper s’illumine et nous capte par intermittence : si le visionnage n’est pas à la hauteur du souvenir, conclusion commune s’il en est, gageons que sa loufoquerie vaut malgré tout le détour.

NiERONiMO
5
Écrit par

Créée

le 5 nov. 2021

Critique lue 115 fois

2 j'aime

NiERONiMO

Écrit par

Critique lue 115 fois

2

D'autres avis sur Casper

Casper
MrShuffle
4

Critique de Casper par MrShuffle

Quatre mais uniquement parce que c'est mon premier émoi sexuel pour une jeune fille de mon age. Christina Ricci, 13 ans, rencontre Thomas, 12 ans (merci Canal pour le délai parfait), je n'oublierai...

le 16 oct. 2010

20 j'aime

5

Casper
E-Stark
7

"Jour est concevable, semaine possible, mois non ! Année vous oubliez !"

Il fût une époque où les studios de productions savaient faire des films pour la jeunesse, des films qui vous invitaient au rêve et à l'émerveillement, qui provoquaient en vous le rire et la...

le 26 févr. 2013

15 j'aime

5

Casper
Boubakar
7

Bouh !

Souvent cité dans l'histoire du cinéma comme le premier film où le héros est un personnage en images de synthèse, Casper est la première réalisation de Brad Silberling, et à la vue de sa filmographie...

le 18 nov. 2012

8 j'aime

Du même critique

The Big Lebowski
NiERONiMO
5

Ce n'est clairement pas le chef d'oeuvre annoncé...

Voilà un film qui m’aura longuement tenté, pour finalement me laisser perplexe au possible ; beaucoup le décrivent comme cultissime, et je pense que l’on peut leur donner raison. Reste que je ne...

le 16 déc. 2014

33 j'aime

Le Visiteur du futur
NiERONiMO
7

Passé et futur toujours en lice

Un peu comme Kaamelott avant lui, le portage du Visiteur du futur sur grand écran se frottait à l’éternel challenge des aficionados pleins d’attente : et, de l’autre côté de l’échiquier, les...

le 22 août 2022

29 j'aime

Snatch - Tu braques ou tu raques
NiERONiMO
9

Jubilatoire...

Titre référence de Guy Ritchie, qui signa là un film culte, Snatch est un thriller au ton profondément humoristique ; le mélange d’humour noir à un scénario malin et bien mené convainc grandement,...

le 15 déc. 2014

18 j'aime

3