Crise conjugale et existentielle Version XY

A la base "Chained" est le deuxième volet d'un triptyque appelé "Love Trilogy", dont le premier, "Stripped", n'est curieusement jamais sorti après avoir pourtant été présenté à la Mostra de Venise en 2018.


Pour en avoir vu quelques extraits ce premier opus semble détaché de la trilogie, alors que celui-ci et son alter-ego "Beloved" s'emboîtent, se complètent. Même plus que ça puisqu'ils se proposent de raconter la même histoire, l'un du point de vue de l'homme, l'autre de celui de la femme.


Yaron Shani n'est pas un inconnu puisqu'il avait livré il y a déjà 10 ans le remarquable et remarqué "Ajami", Caméra d'or à Cannes. Et ce "Chained" n'est pas loin de procurer la même sensation de choc, avec sa nervosité, son intensité, qui font de lui un truc tendu comme un string et un thriller, sa violence morale soutenue par des dialogues d'un réalisme presque insoutenable. Je m'explique : il va tellement loin, il creuse tellement profond les échanges entre les protagonistes principaux qu'à leur image on est amené à vouloir que ces discussions s'arrêtent, car comme dans la vraie vie, on souffre avec eux, presque physiquement. On peut dire que le processus d'identification tourne alors à plein régime, renforcé en cela par le choix de la mise en scène, ultra-physique et immersive.


"Chained" est un grand film à fleur de peau sur le couple, sur l'adolescence aussi, sur le grain de sable qui grippe les rouages d'une vie aux apparences trompeuses, et comme "Ajami" une œuvre politiquement énervée. Cet homme et cette femme, incarnés par deux acteurs en lévitation, se déchirent, à l'image de leur pays, Israël, en état de crise permanent.


NB : J'ai vraiment hâte que vous puissiez le voir, il devrait sortir le 15 juillet (Même si Art House pourrait une 172ème fois modifier son line-up dans les heures qui viennent), pour répondre à une question. Les floutages (Couvrez ce pénis que je ne saurais voir !) sont-il présents volontairement, auquel cas nous aurons à discuter de leur légitimité et but artistiques, ou ai-je vu une copie "censurée" ?

Créée

le 31 mai 2020

Critique lue 2.2K fois

27 j'aime

14 commentaires

takeshi29

Écrit par

Critique lue 2.2K fois

27
14

D'autres avis sur Chained

Chained
F_Zappa
9

Love Trilogie : Chêne

Un titre cliché et 1h52 de boule au ventre sont les deux caractéristiques principales que l'on retire en sortant du visionnage de Love Trilogy : Chained. On y voit se dérouler l'histoire d'un...

le 22 sept. 2019

13 j'aime

Chained
Fêtons_le_cinéma
9

« La vie est rose bonbon »

Si Chained est une œuvre on ne peut plus actuelle, s’emparant de thématiques aujourd’hui au centre des préoccupations – violences conjugales, agressions sexuelles sur mineurs, abus d’autorité des...

le 2 juil. 2020

11 j'aime

Chained
EricDebarnot
8

Les enchaînés

"Chained" fait partie d’une trilogie (qualifiée de "Love Trilogy"), sensée nous raconter une histoire de couple sous les points de vue de différents protagonistes… pas si loin de ce qu’avait déjà...

le 12 juil. 2020

9 j'aime

2

Du même critique

Ernest et Célestine
takeshi29
8

Éric Zemmour : " "Ernest et Célestine" ? Un ramassis de propagande gauchiste "

"Ernest et Célestine" est-il un joli conte pour enfants ou un brûlot politique ? Les deux mon général et c'est bien ce qui en fait toute la saveur. Cette innocente histoire d'amitié et de tolérance...

le 15 avr. 2013

282 j'aime

34

Racine carrée
takeshi29
8

Alors, formidable comme "Formidable" ?

En 2010, la justice française m'avait condamné à 6 mois de prison avec sursis pour avoir émis un avis positif sur le premier album de Stromae (1). La conclusion du tribunal était la suivante : "A...

le 18 août 2013

258 j'aime

34