Après ses triomphales Aventures de Tintin en motion-capture, revoici Steven Spielberg pour son classique deuxième film de l'année. Adapté du roman pour enfants éponyme de Michael Morpurgo, Cheval de guerre nous entraîne dans l'Angleterre des années 1914, à la veille de la Première Guerre Mondiale, dans une petite province calme aux temps difficiles. C'est ici que le jeune Albert va hériter malgré lui d'un sublime cheval qu'il nomme Joey, et qu'il va le dresser comme un véritable animal de compagnie, fidèle et obéissant. Mais à l'heure où la guerre est lancée, Joey est envoyé au front comme cheval de guerre, l'occasion pour son maître de lui prouver qu'il ne l'abandonnera jamais...
C'est sur cette histoire simple voire naïve mais toutefois bouleversante que Spielberg nous offre son nouveau chef-d'œuvre plein de poésie, de rage et d'émotions. Porté par une interprétation haut de gamme (mention spéciale au jeune Jeremy Irvine ainsi qu'à l'excellent Peter Mullan, Emily Watson, Tom Hiddleson et Benedict Cumberbatch, méconnaissable), des décors impressionnants, une photographie de luxe et l'immense musique de John Williams, le long-métrage nous guide vers une incroyable histoire d'amitié au cœur de la Première Guerre Mondiale, époque douloureuse que Spielberg n'avait jamais encore approché malgré ses nombreux films de guerre.
Certes long du haut de ses 130 minutes, Cheval de guerre suit avec une continuité alarmante les mésaventures d'un cheval hors du commun qui va traverser de multiples épreuves et se retrouver ami avec de nombreux maîtres, que ce soit notre héros Albert, un capitaine anglais, deux jeunes allemands déserteurs, une petite française vivant avec son grand-père (Niels Arestrup, terrassant) ou encore un soldat britannique. Sans temps mort, Spielberg narre une péripétie envolée, magique et improbable, mais toujours avec cette maestria qui lui est propre, faisant du scénario un monstrueux film épique où chaque plan est d'une force abasourdissante (le labour du champ, l'attaque dans les tranchées de la Bataille d'Amiens, l'échappée fabuleuse de Joey dans celles-ci...).
Ainsi, avec ce qu'il faut d'humour - comme ce jars haineux - et de moments bouleversants, Spielberg nous tire la larme à l'œil avec aisance et sérieux comme seul le roi d'Hollywood sait le faire, faisant de Cheval de guerre une magnifique épopée d'époque et un énième chef-d'œuvre à afficher dans son palmarès déjà bien glorieux. Chapeau bas.