Pas sûr que l'on parle du cinéma de Cédric Jimenez pour de bonnes raisons.
Car quand on prononce son nom ou tente d'émettre un avis sur son cinéma, que reste-t-il, à part la polémique droitière instrumentalisée entourant le pseudo soufre de BAC Nord, ou celle montée de toutes pièces sur la foi d'un seul foulard afin de brocarder Novembre ?
Pas sûr que le premier concerné en ait été pleinement satisfait.
Au point que Chien 51, à l'heure des comptes, souffre quelque peu de l'accueil qui a été réservé à ses grand frères.
L'oeuvre ne manque pourtant pas d'atouts : son côté anticipation anxiogène qui s'empare de l'écran, son flic revenu de tout, sa tension, l'environnement parisien disctrètement upgradé, Chien 51 respire le métier et l'assurance, même si les références s'avèreront assez écrasantes. En effet, l'influence de Minority Report transpire, mais Chien 51 ne se hissera malheureusement jamais à sa hauteur, le traitement de l'anticipation pouvant à l'occasion rappeler les efforts français d'oeuvres comme Chrysalis ou Renaissance.
Cédric Jimenez, quant à lui, a enfin réussi à résoudre tous les petits problèmes de rythme qui émaillaient jusqu'ici son cinéma, tout en offrant à nouveau quelques jolies scènes tendues et nerveuses.
Cependant, quelque chose cloche. Comme s'il ne croyait pas complètement à son film.
Car j'ai senti que Chien 51 s'inscrivait contre BAC Nord et Novembre. Pas contre les films eux-mêmes, mais contre la réception que doit sans doute anticiper Cédric Jimenez.
En effet, Chien 51 semble s'échiner à vouloir désamorcer toute nouvelle tentative de polémique. Ainsi, l'aspect technique a beau assurer, l'étincelle n'y est pas totalement en 2025. On se retrouve donc devant des personnages archétypes auxquels on peine à s'attacher, ou encore des portes ouvertes enfoncées dès lors qu'il s'agit de parodier la télé-débilité ou la société du tous-surveillés et de la pauvreté parquée.
Aucune surprise à l'horizon, même si Chien 51 est bien mené et se laisse suivre sans déplaisir. Tout comme sur le thème de l'IA dévoyée, que l'on voit venir de loin.
Le film semble vouloir ne mettre personne en boule, en somme, ou susciter une énième controverse. S'il reste la trajectoire du personnage de Gilles Lellouche, qui échappe au formatage, il est triste de voir un gars comme Jimenez comme paralysé, voire castré dans le discours qu'il aurait pu porter.
Et à l'heure où quelque cuistre rappelle dans un systématisme inquiétant l'aspect douteux de BAC Nord, Chien 51 représente le parfait exemple d'une nouvelle influence néfaste pesant parfois sur l'acte créatif et le message, réel ou supposé, que souhaite porter un artiste.
Behind_the_Mask, qui n'a pas très envie de policer ses avis.