N’ayant pas lu le roman, cette critique portera uniquement sur le film et les quelques comparatifs que j’ai pu lire entre l’adaptation et son œuvre d’origine.
Chien 51 tient ses promesses en créant une dystopie parisienne sur fond d’intelligence artificielle crédible, et en nous plongeant dans une enquête policière intrigante.
Le budget n’y est pas pour rien. Il faut dire qu’après trois films à succès, il est légitime que Cédric Jimenez ait droit à des fonds encore plus conséquents.
Le caractère anxiogène de l’univers réussit à nous alerter sur les dérives que pourraient engendrer l’ascension de l’IA dans nos vies.
Les scènes d’action sont immersives et constituent le gros point fort du long-métrage. Rien à dire, le réalisateur sait faire monter la tension.
Pour autant, là où l’esthétique et l’immersion sont à honorer, le scénario, lui, peine à convaincre. Je pense principalement au dernier acte où les raccourcis s’enchaînent. L’infiltration de Zem en Zone 1 est beaucoup trop simple et la révélation du Premier Ministre lui est soutirée sans la moindre difficulté.
Et cette révélation finale, justement, est décevante. Un énième film sur l’IA qui prend le contrôle. 2001 : L’Odyssée de l’Espace, Blade Runner, Terminator, certains épisodes de Black Mirror et bien d’autres l’ont déjà très bien fait.
Certes, la volonté de voir un bon film de science-fiction français et la menace grandissante de l’IA dans notre réalité sont deux arguments qui justifient parfaitement la production de cette adaptation. Mais celle-ci manque de nuances et de détails, à l’inverse du livre qui semble en être rempli. Les thèmes de pays rachetés par des multinationales et de dérèglements climatiques majeurs sont occultés.
À cela s’ajoute la totale omission du reste du monde et de la France. On ignore tout de ce qu’il se passe ailleurs, et ça donne l’impression que les personnages s’acharnent comme des hamsters dans leur roue, sans se préoccuper de ce qui sort de leur petit monde.
Cédric Jimenez et Olivier Demangel ont choisi de concentrer leur histoire sur Zem et Salia, les protagonistes très bien interprétés par Gilles Lellouche et Adèle Exarchopoulos. La solitude les lie, mais pas grand chose d’autre. Leur relation amoureuse tombe comme un cheveu sur la soupe, d’autant que Zem pourrait aussi bien être le père de Salia étant donné leur différence d’âge. Faire de lui une figure paternelle m’aurait semblé plus juste, surtout quand on sait que la famille de Salia lui a été arrachée.
Chien 51 est une réussite en terme de réalisation, mais son scénario le trahit. Le thème de l’intelligence artificielle ne surprend plus et casse la dynamique de l’enquête policière.