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Film de Spike Lee (2025)

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on s’ennuie au royaume du King Washington

N’ayant pas lu le livre Rançon sur un thème mineur, ni vu Entre le ciel et l’enfer d’Akira Kurosawa dont le long-métrage de Spike Lee est inspiré, cette critique ne portera que sur ce dernier en tant qu’œuvre à part entière.


Dès les premières images, le réalisateur nous plonge dans le monde de l’industrie musicale à New-York. La ville est filmée sous son meilleur jour, un point de vue presque utopique qui permet d’accentuer la descente aux enfers de David King (Denzel Washington) tout au long de l’histoire. Du moins, si cette chute avait vraiment eu lieu.


En effet, le titre du film se veut annonciateur de grands évènements riches en enjeux, qui pousseront le personnage dans ses retranchements. Malheureusement, l’intrigue se révèle fade : aucun rebondissement, aucune surprise, le quiproquo sur le fils kidnappé peine à être à la hauteur de ses prétentions.

Même s’il permet de soulever des questions éthiques intéressantes, il s’essouffle rapidement et finit par devenir un détail dans une simple histoire de sac de billets à retrouver.


Rares sont les films où les policiers sont aussi incompétents. Ils passent à côté d’un paquet d’indices évidents.

Pourquoi ne pas interroger le suspect appréhendé lors de la transaction dans le métro ? Au lieu de ça, le scénario opte pour un contraste maladroit entre les interrogatoires du fils King et de son ami kidnappé. La scène qui en découle paraît forcée et invraisemblable, et fait passer la police new-yorkaise pour des guignols.


Mais ils ne sont pas les seuls à mal jouer leur rôle. Certains acteurs et actrices manquent quelques peu de profondeur dans leur jeu. Je pense notamment à Ilfenesh Hadera (Pam King, l’épouse du protagoniste). Aussi charismatique soit elle, celle-ci peine à jouer l’état de choc lorsqu’elle apprend la nouvelle de son fils disparu ; elle gesticule, bouche-bée, comme si on lui avait interdit d’émettre le moindre son (peut-être est-ce le cas ?).

Denzel Washington, de son côté, sort du lot au milieu d’une flopée de personnages insignifiants. Il faut dire que le film entier repose sur lui et lui seul. C’est un acteur exceptionnel et ça fait toujours plaisir de le voir à l’œuvre, mais son entourage aurait mérité un meilleur traitement, particulièrement dans un film où l’influence de ce dernier est censé avoir un impact colossal sur le héros.


Je me permets de m’attarder sur un dernier élément du scénario que j’ai trouvé tout bonnement incohérent (ou que je n’ai pas compris ?) : comment David King et sa famille finissent-ils « fauchés » (terme répété à plusieurs reprises) en ayant retrouvé l’argent, vendu les parts de l’entreprise des millions de dollars et en vivant dans un penthouse de 300m2 avec une vue plongeante sur l’île de Manhattan ?

C’est donc ça l’image de l’homme qui aspire à une vie simple sans argent ?

Ça me semble malheureusement déconnecté de la réalité, comme l’ensemble de l’intrigue.


Le point positif que je pourrais tirer de mon visionnage repose dans la proposition musicale qui accompagne l’ensemble des scènes. Mais encore une fois, de mon point de vue, ça tombe à l’eau avec un décalage trop grand entre la tonalité de la bande originale et la gravité d’une grande partie des situations. Certains sons dénotent avec le contexte. Je salue la tentative mais, à titre personnel, je n’adhère pas.


Globalement, je ne tire de cette œuvre qu’une intrigue plate et sans saveur, où les enjeux sont mal exploités. Denzel Washington porte le film à bout de bras, mais ce n’est pas suffisant. Le potentiel était pourtant là.

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