La comédie française, ce n'est plus trop ça depuis bientôt Dieu seul sait quand : standardisée par le lourd cahier des charges des cases télévisuelles du prime time, vampirisée par quelques tristes et lamentables figures de proue, tirée vers le fond par un consensus tiède qui ne doit plus froisser personne, tout cela fait qu'il est aujourd'hui difficile de sourire d'une manière franche ou pire, de pratiquer le rire bête et méchant.
Tout cela pour dire que Classe Moyenne, c'était pas gagné. Tellement son terrain de jeu et son opposition se prêtaient à toutes les facilités de la comédie pépère et bourrée de clichés, devant obligatoirement se conclure par un rapprochement béat des positions défendues.
Sauf que non.
Même si l'on pourra relever que les premières minutes sont pour le moins transparentes et lourdes quant à l'allusion à la lutte des classes mise en scène, le film prend une tangente rafraîchissante dans le genre qu'il illustre.
Car Classe Moyenne fait rire, oui. Mais assez souvent jaune. Il fait grincer des dents, aussi. En embrassant toute la médiocrité des portraits qui peuplent sa galerie, qui renvoie dos à dos riches parigots hautains et pédants et prolos magouilleurs débordants de bile âcre et de jalousie.
Classe Moyenne, c'est enfin, un peu comme avec Barbaque, mais l'entrain en moins, le mauvais fond de sale gosse aux manettes, qui porte un regard acerbe et quasi misanthrope sur les situations qu'il porte, sur ses personnages qu'il prend un évident plaisir à dégommer.
L'ensemble du cast convoqué prend un évident malin plaisir à investir toute la bassesse et la médiocrité des personnages qu'il incarne. Ainsi, Laurent Lafitte garde toujours deux ou trois longueurs d'avance quand il s'agit de jouer les salauds. Laure Calamy emmène quant à elle l'oeuvre sur le terrain de son sourire matois et de sa fourberie.
Tous sont d'ailleurs à saluer dès lors qu'il aurait été presque rassurant de détester viscéralement ces deux familles confrontées sans l'intervention de Julien Courbet. Mais chacun d'entre eux flirte avec la limite de l'antipathie sans jamais pourtant la franchir. Et tant chacun souligne tantôt le ridicule ou l'absence d'empathie, tantôt la morgue et le dédain.
Et quand Classe Moyenne prend un virage assez inattendu, il n'en acquiert finalement que plus de prix, même s'il retombe dans la transparence de sa métaphore, noire mais lucide. Parce qu'il porte un regard plein d'acuité sur notre réalité et en souligne toutes les hypocrisies et les accommodements. Quand on ne peut plus envisager un débats qu'en hurlant son opposition et ses convictions.
Oui, Classe Moyenne fait rire. Mais le plus souvent jaune, définitivement. Loin de cette comédie française souvent béate et timide dans son (absence de) propos.
Behind_the_Mask, qui envisage de laver sa Porsche in extenso.