Ce western de John Sturges se place entre deux de ses chefs d'oeuvre (Un Homme est passé, 1955, et Gunfight at OK Corral, 1957).
C’est une intrigue de film criminel avec une forte connotation psychologique, comme un film noir des années 40 - sentiment abandonnique du héros, méconnaissance de ses propres motivations, et même recherche du père - qui est traitée dans un environnement et avec des interactions de western.
Mais les péripéties types du western sont simplistes. Un des clichés est le numero habituel fait par William Campbell du jeune bad guy provocateur qui finit par en en payer le prix. La séquence est malgré tout traitée correctement car c'est Monsieur John Sturges qui dirige et il connaît son affaire. Et pourtant, d’autres clichés sont inacceptables comme les escarmouches ridicules avec les indiens. C'est vraiment dommage car Sturges nous avait donné deux ans plus tôt, en 1954, une des meilleures séquences jamais tournées de guérilla indienne, dans Fort Bravo.
Les articulations de l’histoire sont discordantes et l'ensemble est traversé par une romance peu crédible (avec Donna Reed) tandis qu'une ou deux fulgurances de tragédie créent des ruptures de ton, par exemple quand le jeune héros encaisse durement les résultats de sa quête inconsidérée de vengeance et de savoir, en découvrant une réalité familiale à la fois décevante et traumatisante.
Richard Widmark fait le maximum comme acteur (il ne se contente pas de son charisme) et il reçoit à la fin une aide importante grâce au jeu de John McIntire, qui est à son meilleur avec une prestation mémorable d'éleveur cynique converti au banditisme.
(Notule de 2020 publiée en février 2025)