Après la production pharaonique Pacific Rim, Guillermo del Toro revient vers une oeuvre plus intimiste, certes moins titanesque que la précédente mais tout de même dotée d'un budget confortable, et surtout représentant un projet vieux d'une dizaine d'années.


Crimson Peak est clairement divisé en deux, avec une première partie portée sur une idylle et dont l'aspect fantastique passe plutôt en second plan. Dans un style romanesque, il met en scène une fascinante époque victorienne, avec d'impressionnants décor, laissant des indices sur la suite à venir. Dans cette partie, il propose de rares fantômes et une séquence violente qui laisseront entrevoir la suite, où le fantastique va se mêler à l'horreur, dans la forme mais surtout psychologique, et s'accentuant de plus en plus, surtout via la jeune protagoniste.


Si la forme est superbe, que ce soit dans le romantique ou non, les personnages sont les pierres angulaires du film, avec ce trio constitué des jeunes époux et de la sœur du mari. Ils sont intéressants à suivre et leur évolution est bien menée, del Toro créant une alchimie entre eux et l'atmosphère. Cette dernière, d'abord romanesque voire mélancolie, se mue peu à peu dans le frisson et le gothique, tandis que la construction horrifique prend peu à peu tout son sens mais reste ancrée dans l'ambiance, bien plus que dans le démonstratif. C'est dans cette optique que le manoir gothique devient un personnage à part entière, un lieu inquiétant, immense et magistral où les êtres errent, qu'ils soient vivants ou non.


Crimson Peak regorge de bonnes idées, à l'image de l'ascenseur et de l'utilisation des objets durant la dernière partie, sublimant un scénario qui lui ne surprend pas mais se révèle bien mené. L'esthétique très marquée est l'une des forces du film, tout est bien soigné, avec de superbes décors et des tableaux vivants, offrant ainsi quelques séquences mémorables, que ce soit dans les rues du siècle dernier ou dans le sang d'un manoir enneigé. Guillermo del Toro joue très bien avec les lieux, la bande-originale, les couleurs et dirige aussi parfaitement ses comédiens, tous très bons que ce soit les premiers ou seconds rôles.


Avec Crimson Peak, Guillermo del Toro propose une romance gothique ancrée au début du siècle dernier qui va peu à peu évoluer vers une atmosphère horrifique mais toujours fascinante usant de nombreuses idées ingénieuses, jouant avec les sensations et dans un cadre adéquat et superbe.

Docteur_Jivago
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Mes Années 2010 au cinéma, Voyage au cœur du cinéma fantastique, Les meilleurs films de 2015, Deuil et Mon Cinéma d'Horreur

Créée

le 25 sept. 2020

Critique lue 452 fois

20 j'aime

2 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 452 fois

20
2

D'autres avis sur Crimson Peak

Crimson Peak
Veather
5

Prim Son Creak

Le titre en anagramme ça peut faire « fils guindé grincement ». Je me suis creusé la tête, t'as vu. Rarement j'ai vu dans un film des scènes de sexe risibles à ce point. On n'y ressent...

le 18 oct. 2015

66 j'aime

20

Crimson Peak
Behind_the_Mask
9

La délicatesse du macabre

C'est peu dire que je l'attendais, Crimson Peak, depuis que le projet fut officialisé comme prochain film de l'ami Guillermo Del Toro. Mais je voulais préserver à tout prix la magie, le mystère,...

le 14 oct. 2015

64 j'aime

39

Crimson Peak
zoooran
6

Le Toro par les cornes

En cette belle soirée du 28 septembre, Mia Wasikowska, Tom Hiddleston et le "maestro" Guillermo Del Toro étaient à Paris, à l’UGC Bercy, pour présenter une des plus grosses attentes de cette fin...

le 29 sept. 2015

55 j'aime

7

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

170 j'aime

32

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

156 j'aime

43

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

151 j'aime

34