La célébration des larmes
Je ne voulais pas voir ce film, j'aime Lars Von Trier mais je déteste Björk. Malheureusement pour moi, j'ai eu pour gage de voir "Dancer in the Dark", et comme je ne suis pas mauvais joueur, j'ai accepté.
Lars Von Trier est vraiment quelqu'un de particulier, et ce film le prouve une nouvelle fois. L'univers visuel est très intéressant, la photographie est notamment très propre et excellente. La caméra à l'épaule fonctionne parfaitement et parvient véritablement à nous immiscer dans la vie de cette femme. Même l'aspect comédie musicale fonctionne, car il est justifié et a un sens. C'est pourquoi il est vraiment dommage de voir que cette technique impeccable, cette forme impeccable même, est malheureusement au service d'un scénario d'une banalité extrême. Car Lars Von Trier malgré toute sa bonne volonté, ne parvient vraiment pas à être subtil.
Outre une apologie de la misère, de l'isolement provoqué par un handicap, de la tristesse, de la pauvreté, bref, une apologie de tout ce qui est larmoyant en somme, c'est aussi (et malheureusement) le développement de cette histoire qui vient poser problème. Non seulement le film est ultra caricatural, limite conventionnel, mais en plus il est prétentieux, et là réside l'un des gros problèmes.
On peut faire du bon conventionnel, d'ailleurs il n'y a rien de péjoratif à faire un film conventionnel, tout est dans le traitement du sujet. On peut traiter une histoire très triste, de manière simple et habile, Lars Von Trier fait tout le contraire. Il raconte l'histoire de cette femme, déjà victime de sa condition de personne aveugle, mais en plus il en rajoute toujours et encore, un véritable dégueulis émotionnel que l'on a pas d'autres choix que d'affronter. Tout ceci est d'autant plus énervant dans le sens où le réalisateur possède pourtant un vrai style qu'il met en pratique, hors ici ses effets de couleurs, de peintures ... etc, ne viennent rien ponctuer, pire même c'est ce qui donne une aura ultra prétentieuse au long-métrage, puisqu'il ne raconte rien qui vaillent la peine d'être symbolisé de cette manière. Non seulement à cause de cela, il fabrique de l'émotion, ce qui ne laisse aucune spontanéité pour le spectateur, mais en plus il conditionne ce dernier à se mettre à la place du personnage de Selma (ce qui en soit n'est pas une mauvaise idée ... dès lors que c'est bien traitée !), et le soucis c'est que Selma est justement jouée par qui ? Par Björk ...
Björk n'a pas l'étoffe, ni le charisme, ni la prestance, ni la force de composition pour un rôle comme celui-ci. Non seulement elle est demeure transparente, mais en plus sa voix toute frêle et fluette (le supplice extrême pour mes délicates oreilles), vient rajouter une couche de larmoyant au personnage. Est-ce que l'on est censé s'attacher plus facilement à une femme triste, pauvre et aveugle, par ce qu'elle a un corps d'ado anorexique et une voix d'enfant ? Merci Lars mais pour la subtilité tu repasseras !
Je suis très énervé, il faut que je me calme.
Catherine Deneuve en revanche s'en sort plutôt bien, elle a l'air un peu perdue mais elle tente pourtant de donner ce qu'il faut à son personnage. Son anglais n'est d'ailleurs pas mauvais du tout. David Morse fait ce qu'on lui demande sans vraiment s'investir un peu plus personnellement, ce qui rend forcément plutôt bien tout en demeurant très oubliable.
Pour ce qui est de l'univers sonore, forcément je ne peux pas dire que les chansons m'ont plut. Certes quelques textes sont jolis, mais comme le reste ils viennent finalement servir une scénario pauvre (pour ne pas dire chiant).
Après donc 2h20 interminables (il ne manquait plus que le panneau clignotant dans le coin de l'écran avec marqué: "Chiale ! Chiale ! Chiale !"), je peux tout de même me vanter d'avoir survécu à "Dancer in the Dark". J'en retire donc que Lars Von Trier est capable du meilleur ("Melancholia") comme du pire, et que Björk a décidément l'une des voix qui m'insupporte le plus dans l'univers. Le film a beau avoir reçu une Palme d'Or, je ne le conseillerais pas.