Toujours méfiant quand il s'agit de Besson, car capable de solides films comme de vraies bouses, j'attendais ce Dracula avec plus de curiosité que d'impatience et autant dire que l'on retrouve un Luc Besson en forme.
Visuellement Besson se fait plaisir, il profite d'un mythe et d'époques s'y prêtant bien pour nous servir une orgie visuelle avec ce style gothique flamboyant réussi, du Paris festif du XIX ème, à la Transylvanie en guerre du XVème siècle on en prend plein les yeux (seules les gargouilles sont ratées). Costumes, décors, effets spéciaux, c'est du très bon Besson, qui en prime, a la bonne idée d'avoir fait appel à Danny Elfman pour la composition, ce qui donne une très belle BO.
Mais au-delà de l'apparence Besson nous livre un film à la fois respectueux du roman d'origine, tout en y ajoutant des ajustements souvent bienvenus ce qui évite l'impression d'une énième itération autour du célèbre vampire. En s'attardant beaucoup plus sur le côté amoureux maudit que monstre sanguinaire, Besson livre un film sombre, mais avec un romantisme accrocheur, parfois doux, souvent sauvage. Au-delà du scénario, Besson offre une vision assez personnelle de l'amour, mais aussi de la religion, que l'on adhère ou non, ça a le mérite de donner de la profondeur à un film qui brille déjà par son dynamisme général.
Dommage que comme souvent avec Besson on n'échappe pas à certaines facilités scénaristiques qui ternissent un peu le tableau, mais il serait injuste de torpiller le film (comme le font certaines critiques). On passe un bon moment devant un film divertissant et plus profond qu'il n'y parait. Besson réussit donc un exercice difficile : adapter un mythe déjà largement exploré par le 7ème art.