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Eleanor Morgenstein vit en Floride avec sa meilleure amie Bessie depuis 11 ans que son mari est mort.

Les deux femmes de 94 ans affichent une amitié et une complicité indéfectibles. Chaque jour elles se rendent sur "leur" banc face à l'océan, font quelques exercices physiques et devisent joyeusement. Parfois Bessie raconte avec force détails son séjour en camp de concentration. Lorsque cette dernière meurt, Eleanor est invitée par sa fille Lisa à venir vivre avec elle dans son appartement new-yorkais. Sans hésitation la vieille dame rejoint sa fille et son petit fils bien décidée à refaire sa vie. Mais Lisa qui ne peut avoir constamment l'oeil sur son intrépide mère pense à la placer dans un établissement adapté. En attendant, elle l'a inscrite à une chorale plusieurs fois par semaine. Sauf qu'Eleanor se trompe de salle et se retrouve au milieu d'un groupe de rescapés de la Shoah qui se réunit afin de partager leurs souvenirs et leur traumatisme. C'est aussi là qu'elle fait la connaissance de Nina une toute jeune fille de 19 ans, apprentie journaliste et fille de Roger, une star du petit écran (Chiwetel Ejiofor, miam miam) dont Eleanor est fan. Habituée à mentir, Eleanor ne dément pas qu'elle n'est jamais allée en camp de concentration et commence à raconter l'histoire de son amie Bessie comme si c'était la sienne. Lorsque cette histoire va un peu trop loin, il est impossible pour Eleanor de faire marche arrière, prise au piège de son mensonge.

Pour son passage derrière la caméra, l'actrice Scarlett Johansson n'a pas choisi de secouer le spectateur comme sa compatriote Kristen Stewart et son dérangeant The chronology of water. Elle opte pour un style beaucoup plus classique, sage, avec une jolie image bien "propre", colorée et lumineuse. Le sujet est un peu plus casse-gueule (la Shoah) mais elle s'en sort plutôt bien. Pour rendre son propos le plus authentique possible, elle à fait appel à plusieurs rescapés de la Shoah qui campent les membres du groupe de parole. Et surtout elle a pu s'appuyer sur ses deux actrices principales qui malgré leur 70 ans d'écart affichent à l'écran une parfaite connivence et une tendresse réciproque.

L'interprétation et le tempérament joyeux et sincère de la fringante Eleanor (nous) incitent à pardonner son mensonge et son imposture. La charmante et élégante dame a le chic pour séduire son auditoire, et pour nous spectateurs qui connaissons sa mystification et son histoire nous lui trouvons toutes les excuses possibles et l'on est même tentés de dire "bah ce n'est pas si grave". Face à elle la fraîcheur et la spontanéité de Nina (Erin Kelliman) forcent la sympathie. Les deux femmes sont également réunies par un chagrin insurmontable.

Peut-être faut-il qu'enfin elles s'autorisent à pleurer !

J'ai regretté que les rapports entre Eleanor et sa fille soient une fois de plus si peu apaisés, Eleanor se transforme parfois en Tatie Danielle auprès de sa fille, pourtant particulièrement dévouée à sa mère, sans que l'on comprenne bien pourquoi. On dirait qu'au cinéma il est de bon ton que les rapports intra familiaux soient forcément tendus. Malgré cette réserve (et l'abus de musique sirupeuse) ce joli film qui parle d'amitié (entre femmes), de deuil, d'amour, de mémoire, de transmission est une agréable surprise.

LaRouteDuCinema
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le 23 nov. 2025

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