Petra Biondina Volpe, connue pour L’Ordre divin, quitte ici le souffle historique pour plonger dans l’intimité moderne, là où les murs trop fins révèlent ce qu’on préfèrerait ignorer. Die Nachbarn von Oben (Les voisins du dessus) explore l’inconfort, la curiosité et la lente dérive d’un couple face à ce qu’ils entendent — ou croient entendre.
La réalisatrice orchestre un huis clos nerveux, presque théâtral, où le silence a plus de poids que les dialogues. Son écriture fine, ironique parfois cruelle, dissèque le quotidien avec une précision chirurgicale. Le montage resserré accentue la tension, donnant à chaque regard la valeur d’une confession.
Une distribution qui respire le vrai
Loane Blaschke et Selma Akin campent un duo crédible, oscillant entre lassitude et fascination malsaine. Janina Marija et Anna-Katharina Müller complètent le tableau avec une justesse qui fait oublier la caméra. Mention spéciale à Jürg Röwe, dont la présence froide et dérangeante laisse une empreinte durable — un voisin qu’on préférerait ne jamais croiser, même au détour d’un palier.
Mise en scène et atmosphère
Judith Kaufmann signe une photographie feutrée, presque domestique, mais qui glisse peu à peu vers l’étouffement. Chaque plan semble enfermé, saturé d’écoute et de non-dits. Volpe filme les intérieurs comme des prisons du confort moderne, où le danger ne vient pas de l’extérieur, mais du son derrière la cloison.
La réalisatrice joue aussi habilement avec le rythme : une tension qui monte, retombe, puis explose dans un silence plus violent qu’un cri.
Une partition discrète, mais acérée
Emilia Lenziniane-Fernesch compose une bande sonore minimaliste, presque transparente — jusqu’à ce que le moindre bruit de pas devienne une note inquiétante. Cette économie musicale, loin d’un suspense tapageur, renforce la paranoïa du spectateur. La musique ne souligne pas : elle s’insinue.
En résumé
Die Nachbarn von Oben n’est pas un film spectaculaire, mais une lente brûlure domestique. Petra Biondina Volpe signe une œuvre d’observation, subtilement cruelle, où la curiosité devient poison. C’est un miroir tendu à nos existences modernes : confortables, connectées, mais terriblement exposées.
Ma note : 6/10
Un bon film, maîtrisé et intelligent, mais qui manque d’un souffle émotionnel pour marquer durablement la mémoire.