Je n'ai pas trop l'habitude d'aller voir les films d'horreur en salles. Non parce que je n'aime pas ça (le genre reste l'un des plus propices pour que des auteurs puissent expérimenter et affirmer leur talent) mais parce que je préfère les regarder seul dans le noir chez moi que dans une salle avec des bandes de jeunes débiles bruyants qui m'angoissent plus que le film.
Ne sachant pas trop quoi regarder ce jeudi, je me suis laissé tenter par les bonnes critiques d'Evanouis, ayant plutôt apprécié le précédent film de Zach Cregger, Barbare (sorti directement sur Disney+ en 2022).
Bien filmé, avec des mouvements de caméra sympathiques, des cadrages soignés et de jolies lumières mettant en valeur le mystère, présenté dès les premières minutes du film, entourant la disparition simultanée de 17 enfants d'une même classe dans une petite ville américaine, le film semble vouloir s'ancrer dans un réalisme bienvenu, qui change des slashers pour ados, porté par des personnages plutôt développés et joués par des acteurs talentueux (Julia Garner et ses horribles cheveux, Alden Ehrenreich enfin remis de l'échec de son Han Solo, Josh Brolin, toujours parfait dans le rôle du patriarche américain viril, ou encore Benedict Wong, le sorcier suprême qui ne s'appelle pas Cumberbatch).
Il y a clairement une ambiance à la Stephen King, avec de subtiles références à l'œuvre du maitre (enfin, subtiles, au début, puis plus du tout au fur et à mesure que la narration avance) et une narration plutôt fluide, dynamisée par une structure découpée par personnages, histoire de rythmer un peu le tout et de brouiller artificiellement les pistes.
Sauf qu'arrive un moment où les choses doivent être révélées, et là, pour moi, tout s'effondre.
ATTENTION, LEGERS SPOILERS DANS LA SUITE :
Le film partait sur des bases réalistes, ou au moins crédibles, puis, à mi-chemin, on rentre dans le paranormal et la sorcellerie de manière assez maladroite. Et plus on avance, moins c'est crédible.
Après avoir joué sur les peurs et les angoisses les plus communes de notre époque, Evanouis part dans une direction volontairement grotesque. J'ai rien contre les scènes excessives et délirantes (ce sont d'ailleurs probablement les plus efficaces du film) mais il faut quand même que l'ensemble tienne la route sans décevoir les attentes.
Et, malgré ses efforts pour essayer d'être original, Zach Cregger nous sert paradoxalement tous les clichés du film d'horreur américain habituel, avec ses scènes de cauchemar, ses maisons inquiétantes, ses enfants mutiques, ses clowns, ses sorcières, ses personnages increvables et ses jump scares à la c... Comme s'il pensait que découper son film en segments, jouant avec la chronologie et les points de vue pour délivrer les informations de manière moins linéaire, suffisait à réellement faire la différence.
Apparemment, si on se fie aux critiques très positives, il a raison. Mais ça n'a pas vraiment fonctionné sur moi.
Alors peut-être que je n'ai pas capté tout le sous-texte du projet (le titre original est "Weapons", donc il y a probablement un propos sur les armes à creuser ?) ou que je ne suis pas suffisamment fan du genre horrifique classique, mais je ne peux pas dire que ce film soit le choc annoncé ou même qu'il soit à la hauteur de ses inspirations (Stephen King bien sûr mais aussi Magnolia et Prisonners). On sent bien le potentiel du cinéaste et son envie de retranscrire en images le processus du deuil de manière inédite, mais franchement tout ça reste très anecdotique. On est loin d'un Midsommar par exemple, dans lequel Ari Aster transcendait ses thématiques et nous emmenait vers des sensations inédites. Et si vous me trouvez sévère, on a qu'à dire que c'est la faute à ces connards de jeunes qui ont fait chier tout le monde pendant la séance. Ceux-là auraient pu disparaitre, on en aurait pas fait tout un film.