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ATTENTION REVIEW ANALYSE FULL SPOILER, ALLEZ VOIR LE FILM AVANT DE LIRE LA SUITE !!
I. Une œuvre ouverte, un puzzle à recomposer
Weapons (et non, le titre français Évanouis peut effectivement aller se faire foutre) était vendu comme le prochain grand film d’horreur contemporain. Après le coup d’éclat de Barbarian, beaucoup attendaient dont moi Zach Cregger au tournant. À la place, le film déroute, frustre, et déçoit parfois. Pourtant, avec un peu de recul, cette déception révèle autre chose : un film bien plus riche qu’il n’en a l’air.
Cregger a lui-même expliqué que certaines scènes comme celle du rêve n’avaient pas de sens clair, comme si elles étaient laissées au spectateur. Beaucoup ont alors dit que c'était un argument en plus à l'encontre du film, mais en y repensant, c’est précisément là que le film devient fascinant : Weapons n’est pas une œuvre qui impose un message, mais un puzzle moral et symbolique, un champ libre d’interprétation. Et c'est tout simplement ce qu'est film et même une œuvre en soit, une fois livré au public, il cesse d’appartenir à son auteur. Ce n’est plus un récit fermé, mais un miroir dans lequel chacun peut projeter sa propre vision.
Mais alors, en mélangeant ce que le film veut raconter, et ce que moi j'en ai compris, que symbolise Weapons ?
II. L’Amérique, ennemie d’elle-même
Le film s’attaque frontalement à la culture des fusillades scolaires un thème qui résonnera bien plus aux USA tant c'est un problème majeure et catastrophique là bas, où la liberté individuelle s’empoisonne d’elle-même. Mais Weapons va plus loin : il ne dénonce pas seulement les tueurs, il désigne le pays tout entier comme son propre antagoniste, il place d'ailleurs ces tueurs non pas comme le tireur mais plus comme l'arme/la munition. C’est une critique d’un système malade, d’une idéologie en décomposition, qui produit ses monstres puis feint de les pleurer.
Cette idée prend forme à travers Tante Gladys, figure grotesque et terrifiante, véritable personnification de l’Amérique trumpiste. Son maquillage outrancier au couleur du drapeau, rouge, blanc, bleu, sa perruque artificielle et son obsession du paraître en font une caricature parfaite de cette Amérique et de son dirigeant : patriotique, mensongère, et bouffie d’elle-même.
Tout, chez elle, n’est que dissimulation. Et cette dissimulation se propage.
Quand elle s’immisce dans la maison d’Alex, c’est tout le pays qu’elle contamine : un intérieur pourri, jonché de détritus et de silence, sans entretient, reposant uniquement sur un enfant, mais la seule chose qui est montré au monde extérieur est une façade proprette dans une banlieue idyllique typique de la classe moyenne américaine. Les fenêtres, seules ouvertures vers la vérité pour toute personne hors de la maison/pays sont recouvertes de journaux, pour ne surtout pas laisser filtrer quoi que ce soit.
C’est exactement le portrait des États-Unis actuels : un pays qui censure ses fissures, qui refoule son chaos pour préserver l’illusion d’une perfection immobile, sauf que tout comme pour la maison dans le film, les fausses notes dans cette partition se voulant parfaite, fait quelle finit par ne plus berner personne.
III. La population comme armes, la fabrique du conformisme
Le titre Weapons prend ici tout son sens : les “armes” ne sont pas les fusils, mais les enfants eux-mêmes. Ce sont eux les instruments, les produits d’un système qui les formate jusqu’à l’aliénation.
Prenons Alex. Harcelé, il finit absorbé par la figure de Gladys autrement dit, par le système. Dans le rêve de Justine, il se relève avec le maquillage de sa tante : il n’a plus d’identité propre, il devient l’incarnation de ce qu’on lui a inculqué, corrompu par le système. Sa mission de “récupérer un objet de chaque élève” devient alors hautement symbolique : il collecte littéralement leur nom, leur identité, pour les transformer en armes anonymes.
Les enfants ne sont plus des individus ils deviennent des slogans, des martyrs, des outils, des armes qu'utilisent tout le temps la droite américaine.
Le film explore alors le cycle morbide de la récupération politique. Chaque fusillade, chaque tragédie, nourrit le discours de ceux qui la justifient. Les victimes deviennent les munitions d’un système qui se perpétue.
La droite américaine, sous couvert d’émotion, instrumentalise la mort pour défendre ce qui l’a causée : le Second Amendement. Et Cregger en montre toute l’absurdité : ces enfants, ces noms répétés à la télévision, ne servent plus à dénoncer la violence, mais à la légitimer.
Une scène le montre cruellement : dans le rêve d'Archer, son fils apparaît sous les traits de Gladys. L’enfant a littéralement fusionné avec le système. Il n’y a plus d’innocence seulement la reproduction du mal.
Les enfants ne sont pas les seules armes de ce système. Un flic, un junkie, une prof avec un passé difficile, un homme gay,... Tous vont servir d'arme contre eux même, vont être instrumentalisé par Gladys/Etats-Unis pour continuer de nécroser le pays avec ses idées. Les flics violent utilisé comme armes littéralement, le junkie, sûrement tombé dans la drogue à cause du système est un marginal qui est montré comme un criminel par Gladys, ce n'est pas le seul bouc émissaire qu'elle utilisera, Julia en est l'exemple le plus flagrant, elle permet à Gladys de détourner le regard de la population vers autre chose pour continuer ses méfaits tranquillement. Et Marcus c'est pareil, il est littéralement une arme et est donc vu comme un "monstre", bizarrement et malheureusement cela se rapproche beaucoup des Etats-Unis qui essaie de plus en plus de montrer les personnes homosexuelles et même LGBT en général comme un problème majeure de corruption du pays, le tout pour se dédouaner du carnage que le gouvernement provoque lui même.
IV. Gladys, ou comment un système se nourrit de ses propres victimes
Gladys ramène les enfants non pas par amour, mais par nécessité : elle a besoin d’eux pour survivre. C’est là que Weapons touche à son point le plus glaçant.
L’Amérique de Trump décrit par Cregger n’est plus un pays vivant, mais un cadavre sous perfusion, un système cannibale qui se nourrit de ses propres drames pour continuer à exister.
À chaque fusillade, les politiciens se servent des victimes comme d’un capital émotionnel : ils les exposent, les utilisent, puis les oublient jusqu’à la prochaine.
C’est le serpent qui se mord la queue : la mort des enfants devient le moteur d’un pays qui s’effondre mais refuse d’en prendre conscience.
Gladys n’est donc pas un monstre fantastique : elle est le visage de la survie morbide du pouvoir, celui d’un système en état de putréfaction, qui se repeint en rouge-blanc-bleu pour masquer l’odeur de la mort.
V. Conclusion, La véritable horreur de Weapons
Ce qui fait peur dans Weapons, ce ne sont pas les meurtres, ni les disparitions. C’est le miroir qu’il tend à une Amérique qui s’est elle-même rendue stérile, mécanique, incapable d’éprouver une émotion sincère.
Zach Cregger signe ici un film à la fois imparfait et vertigineux : un cauchemar symbolique où l’idéologie, le patriotisme et la peur se confondent jusqu’à ne plus former qu’un seul corps celui de Gladys.
Les enfants sont les armes, mais c’est le pays entier qui appuie sur la détente.