Weapon, production de 2024 sortie en France en 2025, s'inscrit dans le renouveau du genre horreur/épouvante que j’avais déjà évoqué dans ma critique de Final Destination, et qui se caractérise par une volonté de bien faire. Ici, à la différence de l'œuvre Lypoyesty, celle de Zach Cregger se veut ancrée dans un cadre plus « serious business », du moins c’était la volonté initiale.
Le film raconte l'histoire d'une ville des États-Unis qui découvre, un beau matin, qu’une classe entière d'enfants a disparu à la même heure, 2h17 A.M., à l'exception de la professeure et d'un élève franchement creepy. Ce film confirme sans mal que l'usage d'enfants dans le cadre de films d'horreur/épouvante reste le ressort le plus efficace pour susciter de l'effroi. Comment ne pas s'inquiéter pour nos charmantes têtes blondes (qui dit encore ça en 2025 ?), alors même que les derniers chiffres sur le harcèlement scolaire nous démontrent qu'ils peuvent être pires que leurs aînés.
Le film est globalement beau, les ressorts horrifiques sont bien travaillés, bien qu’attendus. Sur ce point, il convient de noter une réelle volonté de trouver une faille permettant de surprendre le spectateur aguerri. Celui-ci vit chaque projection comme un jeu de piste lui permettant de dire « ah ah, je l'avais vu venir celui-là » alors que son voisin, terrifié, se demande encore si ce type de film n’est pas contre-indiqué, compte tenu de la pose récente de son pacemaker. Dès lors, ce Weapon par Cregger parvient à offrir des jump scares très intéressants et maîtrise l'art subtil du « il devrait se passer un truc mais en fait il ne se passe rien » (oui, un art très spécifique), rudement efficace pour jouer avec les nerfs du spectateur.
Il n'en reste pas moins que ce Weapon n'est pas exempt de défauts. Premièrement, le point qui va certainement le plus diviser, c'est la digression du film d'épouvante vers le film tragicomique. Certaines scènes sont franchement drôles, peut-être trop drôles au vu du drame censé se jouer. Cela peut un peu sortir le spectateur du film. Personnellement, j’ai trouvé que ces ellipses s'intégraient parfaitement à l'œuvre, mais je comprends que cela puisse diviser.
Toutefois, la plus grosse critique que j’ai à formuler vient d'une problématique récurrente des films d'épouvante : l'apparition prolongée de l'antagoniste à l'écran lui fait progressivement perdre son côté inquiétant. Il en va de même de l’explication de son plan et de ses objectifs. Ici, on est face à une sorcière malade qui kidnappe des enfants pour obtenir la vie éternelle, (qu'elle audace du réalisateur d'explorer ainsi un thème que personne avant lui n'avait exploré). Le film prend le risque de nous expliquer les capacités de ladite sorcière et, dans le même temps, ses limites, ce qui lui fait perdre aux yeux du spectateur toute capacité à susciter l’inquiétude, pourtant primordiale dans le cinéma d'épouvante.
Ainsi, la seconde partie du film peine à s'inscrire dans son genre d’appartenance et s’oriente plutôt vers le slasher/thriller, dans l'étroit carrefour offert par le mariage étrange et dérangeant de Vendredi 13 et de Jason Bourne. La scène de fin, particulièrement longue, est peut-être la plus caractéristique de ce film et de ses imperfections. Finalement, on a passé un bon moment, mais on sent que le film s'est un peu perdu. Malgré une ambition bien supérieure à Final Destination, je trouve que ce dernier nous offre une exécution plus satisfaisante, ce qui aboutit, pour ma part, à leur donner exactement la même note.