Evelyn Wang,patronne quinquagénaire d'une laverie,voit sa vie partir en brioche.Son mari veut divorcer,sa fille est lesbienne et cherche à s'émanciper,elle doit s'occuper de son père dépendant,son commerce tourne moyen et elle a le fisc sur le dos.Mais voilà-t'y-pas que son époux se transforme en une sorte de super héros et lui révèle qu'elle a d'autres existences plus marrantes,ou pas,dans des dimensions parallèles,prélude à de nombreuses aventures haletantes,ou pas non plus.On sait bien que gagner des Oscars n'est pas forcément gage de qualité,mais il doit être difficile de dénicher dans le palmarès de la célèbre cérémonie un film aussi mauvais ayant obtenu autant de récompenses.Onze nominations pour sept statuettes obtenues,quand même.Il est vrai que toutes ces pseudo compétitions,Oscars,Césars,Eurovision,Festival de Cannes et autres raouts mondains,sont devenus plus politiques qu'artistiques,les vainqueurs étant les plus serviles face à la doxa dominante du moment,nonobstant leur absence de talent.Meilleur film,scénario,réalisateur,montage,actrice et seconds rôles masculin et féminin,n'en jetez plus la cour est pleine!Autant de médailles imméritées mais facilitées par un wokisme à son zénith en cet an de grâce 2022.Les réalisateurs-scénaristes-producteurs Daniel Kwan et Daniel Scheinert,révélés en 2016 avec leur "Swiss Army Man" et plaisamment surnommés les Daniels,ont claironné à qui voulait l'entendre leur gayfriendlisme,ce qui est toujours payant dans ce genre de contexte.Pourtant les amours saphiques de la fille Wang n'occupent qu'une modeste partie du métrage,mais elles s'ajoutent à d'autres lunes post-modernes.L'anti-racisme bien sûr,avec cette famille chinoise émigrée aux USA,et surtout une grosse couche de féminisme à travers le personnage d'Evelyn,emblème de la pauvre femme contemporaine accablée par la fameuse "charge mentale".La malheureuse doit bosser,diriger son entreprise,se débattre avec l'inspectrice des impôts,et en plus gérer tout le monde,son mari irresponsable,sa fille revendicatrice et son père dans le potage.Ah la la qu'il est dur d'être une nana dans cet univers cruel!Le sujet est d'ailleurs pertinent,même si là on exagère carrément,mais le traitement qui en est fait passe par-dessus bord.Entendons-nous bien,il est parfaitement légitime et intéressant de pratiquer un cinéma original,fou,délirant,à condition toutefois que ce soit maîtrisé,ce qui est loin d'être le cas ici.En l'espèce,c'est le n'importe quoi absolu qui règne dans cette oeuvre d'une débilité impressionnante à tous les niveaux.Scénario totalement incompréhensible,image dégueu,effets spéciaux à chier,acteurs visiblement paumés dans ce bordel,et en plus c'est interminable.On ressort essoré de la projection en se demandant comment on a pu tenir jusqu'au bout.Au début on se raccroche à l'idée qu'il ne s'agit pas vraiment d'un film fantastique,que toutes ces acrobaties et ces sauts dimensionnels ne sont que l'expression de l'imaginaire d'une Evelyn au cerveau disjoncté par le stress.Mais pas du tout,c'est au contraire très sérieux,si on peut dire.C'est donc parti pour un épuisant parcours de plans cut qui s'entrechoquent à toute allure,mélangeant allègrement vieux kung-fu des familles et inepties marveliennes.En effet,les combats agités et ridicules s'empilent joyeusement portés par Michelle Yeoh,ancienne star des arts martiaux,et un Ke Huy Quan ressemblant à s'y méprendre à Jackie Chan.Ces plaisanteries sont couplées à une exploration du Multivers cher à la firme des super-héros qui du reste sortait en cette même année 2022 l'imbitable "Doctor Strange in the Multiverse of Madness".Pourquoi cette fascination pour les multivers,ces mondes parallèles où s'ébattraient d'autres versions de nous-mêmes,différentes de nous mais que ce serait nous quand même?Il faut sans doute y voir un signe des temps,un effondrement de la psyché humaine au sein d'un environnement décadent qui pousserait les gens à s'inventer des vies plus exaltantes et moins minables que celles qu'ils subissent au quotidien.Dans ce "Everything",ça n'arrête pas,les protagonistes changeant à chaque scène de lieux,de personnalités et d'univers sans qu'on pige la finalité de ce rallye halluciné.Les thématiques de départ disparaissent derrière ce méli-mélo insensé.Evelyn récupèrera son mari,arrangera ses problèmes fiscaux et se réconciliera avec sa fille en acceptant enfin son homosexualité,car la communauté asiatique est apparemment un des derniers bastions rétrogrades face au développement LGBT,encore un bug dans la matrice qui mêle sans s'en rendre compte racisme et homosexualisme.Le casting de seconde catégorie utilise essentiellement des comédiens asiatiques,normal vu le milieu évoqué,et verra les principaux acteurs auréolés d'Oscars auxquels ils n'auraient jamais cru pouvoir prétendre.Ainsi en est-il d'une Michelle Yeoh encore plus fatiguée que son personnage et qui parait perpétuellement se demander ce qu'elle fout dans ce bazar.Jamie Lee Curtis campe une fonctionnaire tatillonne sur le mode hystérique,ce qui suffira à lui assurer la statuette du second rôle.Encore plus fort avec son pendant masculin Ke Huy Quan,lui aussi Oscar du second couteau.La mine effarée,il traverse le film tel le mec qui s'est gouré de porte,pas sûr qu'il ait espéré ne serait-ce qu'une seconde être récompensé pour ça,d'autant qu'il revient de loin.Acteur enfant dans deux productions Spielberg des années 80,"Indiana Jones et le temple maudit",où il est l'imbuvable Demi-Lune,et "Les Goonies",il a quasiment disparu des écrans durant quarante ans pour surgir du néant à l'arrache et se trouver sacré au dernier moment.Il y a aussi l'enrobée Stephanie Hsu qui n'a pas eu son Oscar parce qu'il n'y en avait pas pour tout le monde et que ses partenaires avaient déjà vidé les étagères.Ce bon vieux James Hong joue l'ancêtre diminué,et Jenny Slate est bien en cliente de laverie à chienchien.A part ça c'est coproduit par Anthony et Joe Russo,encore des types de chez Marvel,tandis que la musique à scier les nerfs est signée du groupe Son Lux,qui fait dans la pop expérimentale,tout étant dans le deuxième mot.Au final on peut sauver quelques moments drôles,et c'est à peu près tout.