“L’anomalie”

Alors que son ex-petite amie l’appelle pour lui annoncer qu’elle est enceinte, le voilà piégé dans une station de métro, incapable d’en trouver l’issue.

Que l’escape game commence ! Adapté d’un jeu vidéo japonais, ses règles sont simples : à la moindre anomalie remarquée, il faut rebrousser chemin ; sinon, c’est tout droit. L’homme perdu et sans nom peine à saisir le principe, se ratant plus que de raison. Face à ce faux départ, l’on se dit qu’un court-métrage aurait pu être une meilleure idée.

Mais le film se révèle suffisamment malin pour maintenir attention et tension. Dans ce décor blanc et glacial, qui aurait pu être plus horrifique, le rythme reprend grâce au changement d’avatar. Chaque participant-acteur peut ainsi devenir une altération en soi. La réalisation posée laisse au spectateur le temps de jouer aussi. A lui de se montrer plus efficace que les pauvres protagonistes.

Quel est donc l’enjeu de ce labyrinthe cérébral, purgatoire infernal ou cercles dantesques ? La scène initiale propose une clé : dans une rame bondée, un bébé pleure entre les bras de sa mère. Ses cris finissent par exaspérer un passager, qui hurle son irritation sur la femme, contrainte de s’excuser. Injustes, ces accès de colère ne suscitent aucune réaction outrée. Le nez collé à leur téléphone, les ombres grises préfèrent se taire. Quant au héros malgré lui, il s’échappe grâce à ses écouteurs, dans le Boléro de Ravel.

Cette boucle mélodique, comme le ruban de Möbius signé Escher affiché au mur, la coquille hélicoïdale ou le chiffre 8 indiquant la sortie, symbolise l’éternel recommencement d’une société incapable d’évoluer. La peur d’avancer, de reconnaître ses failles ou de devenir père nous submerge tel ce tsunami évoquant à la fois Shining et Fukushima. Et pourtant, le bout du tunnel se trouve peut-être dans les pas des générations futures… et de l’enfant lumière.

(6.5/10)

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