Comme un sentiment de déjà vu

Ma critique est peut-être un peu "injuste" dans le sens où chacun devrait avoir le droit de reprendre un sujet à sa guise sans qu'il ne souffre du contexte des sorties récentes mais toujours est-il que ce que l'on retient d'un film est bien contextuel. Or, ce Factory a une forte odeur de déjà vu, ne serait-ce qu'en comparaison de Parasite qui dépeint également ce genre de parallèle de classe ou autres films d'ouvriers/bandits vs richards. "Et alors ? Où est le problème ?" allez-vous me demander à raison. Eh bien a priori ce n'en serait pas un si ce film apportait quoi que ce soit dans le fond ou, à défaut, dans la forme.


Or, ici, on retrouve le même parallèle entre le pauvre qui se victimise, au fond haineux et le riche, salaud exploiteur et opportuniste. En effet, le duel du film ne fait que montrer deux alter ego sur fond de peinture cynique mais néanmoins réaliste du monde. Car si évidemment le propos est noirci à des fins cinématographiques, les ressorts essentiels de la société humaine, qui reste fortement marqué par ses instincts originels, sont mise en avant : égoïsme fondateur, opportunisme, dominance, etc.
Pour mettre en scène ce jeu de miroir inversé, le film développe son intrigue autour du traditionnel film d'ouvriers licenciés qui vont essayer de faire valoir leurs droits. Par rapport à un "En guerre", Factory va plutôt mettre en scène une version Russe des manifestants/gilets jaunes. Au lieu des pancartes, ils sortent les kalash, ce qui est forcément plus jouissif...du moins sur le papier.
Sur le papier parce que dans les faits le film tourne plutôt en rond sans vraiment avancer sur ses deux sujets principaux sauf au cours d'un dialogue intervenant dans les 20 dernières minutes entre les deux hommes et qui est peut-être le seul moment de grâce du film grâce à son écriture parfaite car simplement réaliste, sans exagération entre deux humains (Le Gris reste un peu caricatural je l'admets).
D'un point de vue sociétal, le film illustre un situation banale dans la Russie post-URSS, les usines d'Etat ayant été vendues pour une misère et donc soumises à l'économie de marché avec les mêmes liens de pouvoir plus ostensibles peut-être qu'en occidents mais universels sur le plan, humain (c'est un point d'ailleurs appuyé dans le propos du film).


Au delà de ce dialogue, le film malheureusement reste très moyen sur le plan de l'action et banal sur le fond. Des ouvriers un peu balourds et sans intérêt car peu développés organisent une prise d'otage et cela va forcément mal se passer. Un bon petit téléfilm quoi, rien de bien marquant sans que ce soit foncièrement mauvais.

Foulcher
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le 21 juil. 2019

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