• Abaddon. Azazel. Belzébuth. Moloch. Satan.

  • Arrête.

  • Veuve Mary.

  • Le voile s'amincit avec le changement de lune. Et en même temps, l'étoile du matin monte. Méfie-toi du diable. Il vit dans ce livre. Il t'appelle. Il te sent. Fais attention, ou il s'infiltrera sous ta peau et te dévorera de l'intérieur.

  • Sarah ?

  • Sors d'ici. Sors d'ici. Sortez d'ici! Sortez d'ici!



Troisième et dernier volet de la trilogie Fear Street, intitulé Fear Street - Partie 3 : 1666, toujours réalisé par Leigh Janiak et produit par Netflix qui adapte la saga littéraire d'horreur pour adolescents à succès "Fear Street" de R. L. Stine, reprends exactement là où s'est achevé le deuxième volume c'est-à-dire au moment où Deena a déposé la main de Sarah Fier dans la forêt, et qu'elle s'est retrouvée transportée dans le corps de la sorcière en 1666. L'origine de la malédiction de Sarah Fier nous est donc enfin révélée à travers une histoire qui va mettre en place toutes les pièces du puzzle pour mieux boucler la boucle lors d'une chasse aux sorcières qui va à jamais changer la vie des habitants de Shadyside au cours d'une genèse mouvementée et riche en rebondissements multiples avec des révélations inattendues. Un film d'horreur, qui comme les autres opus rend hommage à la pop culture avec quelques références (moins marqué dans cet opus par rapport aux autres) tout en continuant de s'approprier le slasher en le réinventant avec un mélange de genre et d'époque intelligemment mise en scène par une approche judicieuse qui va s'émanciper totalement d'une éventuelle redite par un traitement du récit nuancé qui va apporter beaucoup de réponses. Une conclusion digne, mieux traité que le premier, peut-être pas aussi bien mené que le second, mais suffisamment efficace pour soutenir la trilogie. À bien des égards et au vu de son cheminement, cette saga me rappelle Ginger Snaps.


L'histoire apporte une résolution satisfaisante à la malédiction de Shadyside avec une intelligente recontextualisation des films précédents qui se greffent idéalement avec ce troisième acte que l'on peut diviser en deux films bien distinct. Le récit se divise clairement en deux moitiés qui en font des films totalement différents. Le premier acte basé en 1666 est très noir. Un film de genre jouant sur une ambiance anxiogène et inquiétante sur un ton mature qui n'est pas sans rappeler "The Witch" de Robert Eggers, avec une intrigue se concentrant autour d'une communauté de colon puritaine installée depuis peu su les terres de Shadyside. Une première moitié qui touche du bout des doigts l'excellence avec des scènes d'horreur parfaitement maîtrisée jusqu'à sa conclusion qui m'a totalement pris au dépourvu. Le second acte nous renvoie finalement en 1994 afin de conclure une bonne fois pour toutes c'est affrontement, à présent que la vérité est connue de tous. Le basculement en 1994 m'a quelque peu perturbé puisqu'on retourne vers le teenage movie traditionnel sur un fond d'humour noir déjà vu dans Fear Street - Partie 1 : 1994. Une transition de genre assez brutale, mais qui a au moins le mérite de nous conduire vers la confrontation finale tant attendue. Un final qui contrairement à la conclusion de la première moitié du récit n'est pas une énorme surprise, se terminant même sur un aspect que j'ai trouvé un peu trop gentil et facile où tout le monde est heureux, mais cela ne gâche pas pour autant l'expérience.


Le rythme de ce troisième long-métrage est un peu capricieux et instable en comparaison des deux films précédents. Heureusement on a droit à quelques accélérations qui dynamise le tout à travers une intrigue qui répond à l'ensemble des questions que l'on a pu se poser tout du long de la trilogie, avec certaines conclusions qui me semblent un peu précipitées. La direction artistique est une fois encore de bonne qualité avec une Janiak Leigh qui s’approprie habilement l'ensemble des époques avec un superbe rendu atmosphérique intelligemment alimenté par des décors et des costumes fantastiques, dont une composition musicale à corde particulièrement stressante. Une cinématographie soignée qui durant son premier acte abandonne volontairement son côté rétro, ringard et cliché totalement assumé dans les deux films d'avant pour coller au mieux à l'ambiance des romans Fear Street. Les actions mises en place sont pas mal, même si on perd en gore et en violence. La confrontation finale est plutôt amusante, tenant d'avantage d'un affrontement jouissif contre l'ensemble de la galerie des monstres tueurs délaissant tout le côté horrifique, ce qui est dommage. L'horreur se trouve durant le premier acte, qui est de loin la partie la plus effrayante en mettant l'accent sur Sarah Fier, délaissant totalement les tueurs en série. On y découvre des séquences horrifiques de haute volée avec de véritables moments de terreur comme avec la fameuse scène dans l'église avec Le pasteur et les enfants, qui au niveau de la mise en scène est incroyablement macabre. J'aurai adoré que le film conserve sur sa totalité une telle ambiance horrifique.


Fear Street - Partie 3 : 1666 rassemble le casting des deux films précédents et utilise intelligemment la distribution entière pour apporter une conclusion intéressante à la trilogie. Janiak offre une bonne continuité à ses personnages qui trouvent les réponses à travers le temps, élément de première importance que la réalisatrice rend facilement accessible grace à une bonne exécution autour des lignes d'ascendance des protagonistes. Un joli mélange bien entretenu où les personnages vont enfin prendre les rênes de leur destiner en renversant une bonne foi pour toute cette terrible malédiction à l'origine de tant de souffrances et de victimes. Le jeu des acteurs est plus que correct, c'est un véritable plaisir de retrouver Deena (Kiana Madeira) et Samantha (Olivia Welch) les amoureuses maudites, qui finalement sont le coeur de cette triste affaire avec cette histoire d'amour lesbienne au centre de tout. Le drame autour de leurs relations est une fois encore bien alimentée avec cette fois-ci une approche moins innocente et minaudière. Retour en force de Josh (Benjamin Flores Jr), toujours aussi sympathique qui confirme bel et bien être un geek d'excellence avec son fameux code Konami. Darell Britt-Gibson en tant que Martin que l'on a déjà pu voir rapidement dans Fear Street - Partie 1 :1994, prend ici beaucoup plus de place. Un personnage que je n'ai pas beaucoup apprécié car apportant finalement encore plus de légèreté à une conclusion qui aurait dû être beaucoup plus intense et grave dans l'intention. La version adulte de Ziggy Verman incarnée par la comédienne Gillian Jacobs que l'on a déjà pu voir dans Fear Street 1978, est pas mal, j'ai bien apprécié ce personnage. Néanmoins :


Attention spoiler sur cette réflexion que je vais mettre en gras et en italique :
Je trouve les retrouvailles entre Ziggy adulte et Nick Goode adulte (qu'incarne efficacement Ashley Zukerman) totalement loupé. On découvre que Goode est en 1994 encore amoureux de Ziggy, sachant qu'il lui a sauvé la vie en 1978 durant l'attaque du camp d'été. Seulement, on est d'accord qu'il a ramené Ziggy à la vie non pas grace à un vulgaire massage cardiaque comme elle le pensait, mais bien grace à un voeu fait dans la caverne maudite. Goode aurait donc sacrifié une vie par un maléfice pour ramener Ziggy à la vie, ce qui expliquerait pourquoi elle a pu survivre durant toutes ces années. En 1978, Goode laisse entendre à Ziggy qu'il va finalement hériter d'une chose qu'il ne veut pas. Cela voudrait donc dire qu'il a finalement assumé ce pouvoir et son rôle d'antagoniste principal par amour pour Ziggy en la ramenant à la vie. Je trouve ce cheminement dramatiquement fabuleux, tortueux et terriblement nuancé. Une approche géniale qui fait de Goode un antagoniste des plus nuancés sur une intrigue qui l'est tout autant. Mais du coup, il y aurait dû avoir en 1994 durant la confrontation finale un véritable échange sur ce point entre la version adulte de Goode et de Ziggy. Goode que l'on découvre encore amoureux et perturbé par Ziggy. Finalement leur échange se limite à un regard et une vulgaire réplique qui jette à la poubelle cette intelligente construction dramatique. Cela aurait mérité mieux.


CONCLUSION :


Fear Street - Partie 3 : 1666 de Leigh Janiak et produit par Netflix qui adapte la saga littéraire d'horreur pour adolescents à succès "Fear Street" de R. L. Stine est une conclusion solide à la trilogie, qui dans l'ensemble s'est avérée très agréable à regarder entre les divers hommages et références à la pop culture ainsi qu'au genre slasher, qui ici subit une réappropriation des plus intelligentes. La réalisatrice, Leigh Janiak ainsi que l'équipe l'accompagnant ont proposé avec cette adaptation cinématographique une trilogie horrifique qui ne marquera peut-être pas l'histoire du cinéma, mais qui assurément restera un excellent cru pour tout fan du genre slasher avec une contextualisation originale et inédite sur différentes époques génialement mis en boîte. Une nouvelle trilogie d'horreur digne de faire partie des bons slashers. Leigh Janiak est une réalisatrice que je vais à partir de ce jour suivre de très près. Bravo à Netflix pour cette proposition certes imparfaite mais clairement originale, jouant des codes du slasher ainsi que du côté rétro, ringard et cliché de la saga littéraire Fear Street pour en faire une reconduction assumée du genre.


Vu tout le cheminement dramatique entourant l'ensemble des personnages au cours de trois époques représenté par trois films, on peut en déduire que l'amour est la pire des garces.

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le 29 juil. 2021

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