To live and let sigh
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le 8 nov. 2025
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Guillermo Del Toro, un réalisateur décidément habité par les monstres, à commencer par son chef d'œuvre, 'le Labyrinthe de Pan', 'Blade II', 'Hellboy et sa suite les légions d'or Maudites' ou encore 'La Forme de l'eau'. Il a une fascination immodéré pour les Monstres, et vous l'aurez compris, il prendra toujours leur défense, car peut être au fond de lui-même, est-il l'un deux ? en tout cas, un monstre sacré du cinéma fantastique, du cinéma d'horreur ou d'épouvante, un maître du freak show.
Guillermo nous rappelle que Frankenstein, c'est d'abord la version moderne de 'Prométhée', le mythe de la transgression divine incarné par Victor Frankenstein qui, comme Prométhée, défie les lois naturelles et divines en créant la vie, entrainant souffrance et châtiment. Alors, je ne voulais pas faire de parallèle avec le film de Ridley Scott, mais oui, tout est lié, David le synthétique est aussi une sorte de monstre de Frankenstein, créé des mains de Peter Weyland. D'ailleurs, ce monstre n'a t'il pas un air de famille avec les Ingénieurs ? La création est dépeinte comme acte sacrilège, si Prométhée a modelé les hommes à partir d’argile, Victor Frankenstein, lui, crée un être vivant à partir de cadavres... celui-ci sera animé par la Foudre, mais aussi pour rester dans la mythologie, le regard d'une Gorgone !
BLADE II, un Pré-FRANKENSTEIN ?
Quelque chose qui m'a frappé est le parallèle que l'on peut faire avec 'Blade II' du même Del Toro, un film sous-estimé à mon sens, car c'était une suite. Mais les deux films ont des similarités à travers leur esthétique gothique, le traitement du monstre comme figure tragique, l'aspect très graphique des corps, et leur vision de l’humanité. La scène chirurgicale où Victor assemble le Monstre, ne fait-elle pas écho à la scène de dissection du Reaper dans Blade II ?
Dans Frankenstein, La créature est présentée comme un être sensible, innocent, rejeté par le monde. Del Toro insiste sur sa douleur existentielle et sa quête d’identité. Dans Blade II, Les Reapers, mutants vampiriques, sont aussi des monstres tragiques. Le personnage de Jared NOMAK, en particulier, est un rejeté, victime d’expériences génétiques, qui cherche vengeance mais aussi reconnaissance.
Les monstres de Del Toro ne sont pas uniquement les antagonistes : ce sont les victimes du système, porteurs d’une humanité blessée... en tout cas, moi, et j'espère que je ne suis pas le seul, j'ai eu beaucoup d'empathie pour Nomak, alors imaginez mes larmes pour cette chère créature de Frankenstein.
Del Toro y apporte son style visuel unique : décors victoriens, éclairages dramatiques, textures organiques. Frankenstein est une créature conçue comme une sculpture de chairs exsangues. Blade II, bien que plus cyberpunk, partage cette esthétique sombre : laboratoires souterrains, ruelles humides, architecture néo-gothique. Le style visuel de Del Toro y est déjà très présent. Les deux baignent dans une atmosphère gothique, où la beauté côtoie la monstruosité. La science est l'outil de la transgression, Victor joue à Dieu en créant la vie, entraînant une cascade de souffrances. Dans Blade II, les vampires manipulent la génétique pour créer une nouvelle race, les Reapers, qui échappent à leur contrôle...
'Crimson Peak ' et 'Pinocchio' ont été, à mon sens, des parenthèses dans sa filmographie et 'Pacific Rim', peut-être une anomalie. Si j'avais trouvé 'La Forme de l'eau' plus fidèle à son esprit, il était trop soft et trop convenu, et du coup plus consensuel pour des oscars ! Ce Frankenstein témoigne enfin d'un retour aux sources pour le réalisateur qui se fait clairement plaisir, chaque détail est ici croustillant. La fin ouvre manifestement vers une suite ou une série, Netflix aurait trouvé le bon filon ? le "Cabinet des Curiosités" n'était qu'une mise en bouche...
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il y a 7 jours
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