To live and let sigh
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le 8 nov. 2025
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Del Toro crée la vie, et Netflix récolte le miracle
Guillermo del Toro, c’est un peu le Dr Frankenstein du cinéma : il bricole des morceaux de poésie, de terreur et de chair humaine pour créer un truc monstrueusement beau. Et cette fois, le mec a accouché de son chef-d’œuvre. Oui, le mot est fort, mais à la fin du film, j’étais à deux doigts de me faire tatouer une vis sur le cou. C’est gothique, c’est romantique, c’est morbide, et ça te prend par les tripes. Chaque plan est un tableau, chaque ombre une caresse, chaque goutte de pluie une symphonie macabre. Del Toro ne filme pas un monstre : il filme Dieu qui regarde son erreur avec des yeux humides.
Oscar Isaac en démiurge sous amphétamines, Jacob Elordi en créature christique
Oscar Isaac incarne un Frankenstein plus tourmenté qu’un curé devant une boîte de strip-tease. Il joue pas un savant fou, il joue un artiste qui veut toucher le divin et finit par cramer ses ailes comme un Icare en blouse blanche. En face, Jacob Elordi en monstre, c’est une claque cosmique. Ce mec, c’est la fusion entre Jésus, Gollum et le Joker en pleine dépression. Chaque regard te transperce, chaque mot pue la douleur existentielle. Et quand il pleure, toi t’as honte d’être né sans cicatrices. Del Toro en fait un martyr, une âme perdue dans un corps qu’il n’a jamais demandé. Le mec te fait relativiser ton acné d’ado.
Visuellement, c’est du baroque sous stéroïdes
Tu prends Le Labyrinthe de Pan, tu lui mets du LSD et du Shelley, et t’obtiens ce film. L’image est tellement belle que t’as envie de la bouffer. L’éclairage, la photo, la texture des décors… on dirait que Caravage et Lovecraft ont copulé dans une crypte. Les scènes de laboratoire sont d’un esthétisme biblique : tu sens presque la chaleur de l’électricité dans l’air. Del Toro ne fait pas du cinéma, il fait de la peinture animée. Chaque plan est un sermon. Même les vis sont sexy. Et pourtant, pas une seconde tu t’ennuies : tout est viscéral, organique, presque sensuel. C’est du gothique charnel, pas du cosplay moralisateur.
Mia Goth, la muse qui te donne envie de réciter le Rosaire
Mia Goth a ce regard de femme fatale sortie d’un rêve fiévreux de Victor Hugo. Elle dégage une tristesse mystique, un truc d’un autre monde. Son duo avec Isaac fonctionne à la perfection : lui veut jouer à Dieu, elle lui rappelle qu’il est juste un pauvre con d’homme. Leurs scènes ensemble sont d’une intensité folle, entre tendresse et désespoir. C’est Frankenstein version tragédie grecque : les dieux punissent l’orgueil, mais ils le font avec style. Et le style, chez Del Toro, c’est du sang, du bronze et des chandeliers.
Del Toro signe son manifeste sur l’humanité
Sous le monstre, Del Toro parle de nous. De notre arrogance, de notre refus de nos limites, de notre peur de mourir. Le film est une gifle à tous les apprentis dieux du monde moderne — ceux qui croient qu’un algorithme ou un bistouri peuvent les sauver de la condition humaine. Frankenstein, c’est nous tous : des narcissiques persuadés d’être supérieurs, mais incapables d’aimer ce qu’ils ont créé. Et Del Toro, dans sa tendresse morbide, nous dit : “Regardez-vous. Vous êtes la créature.” Putain, ça fait mal, mais c’est beau.
Conclusion : le monstre, c’est toi, et t’as jamais été aussi magnifique
Frankenstein version Del Toro, c’est pas juste une adaptation : c’est une résurrection. C’est la beauté de la faute, la poésie de la douleur, la majesté du désespoir. C’est du cinéma à l’ancienne, à l’époque où les réalisateurs avaient des tripes et pas des community managers. Le film te rappelle qu’être vivant, c’est souffrir, aimer, et parfois vouloir tout brûler. Bref, c’est de l’art. Du vrai. Et si Netflix avait une âme, elle remercierait Del Toro de lui en avoir prêté une pendant deux heures trente.
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