Alors que la licence était censée être terminée, le succès de « Les envahisseurs attaquent » n’a pas mis longtemps à faire tourner la tête du studio Toho, qui lance la production d’un nouvel épisode dès l’année suivante. Mais après un combat de plusieurs monstres géants dans une histoire bien ficelée, il est étonnant de voir que la Toho prend un virage à 90 degrés en faisant un film court (à peine 69 minutes) centré sur le duo entre un enfant et Minilla. Nous voilà de retour dans un film volontairement orienté vers un jeune public. Cette franchise perd un peu la tête.


Alors que ses deux parents travaillent, Ichiro Miki (Tomonori Yazaki) reste seul et passe ses journées à imaginer qu’il visite l’île des monstres. Dans la vraie vie, il est la cible de la brute de son école, Sanko Gabara (Junichi Ito). Un jour, alors qu’il joue dans une usine abandonnée, il est capturé par deux braqueurs de banque (Sachio Sakai et Kazuo Suzuki) qui s’y cachaient. Ichiro devra faire appel à Godzilla et Minilla et à leur courage pour réussir à échapper aux deux malfaiteurs.


Réalisé (beaucoup trop) rapidement, le film utilise énormément de stock shot des épisodes précédents pour ses scènes de monstres, car la production n’avait que très peu de temps pour tout boucler. Le seul monstre original est Gabara, le reste des scènes étant souvent constitué de plans réutilisés, comme ceux du combat entre Godzilla et les Kamacuras, ou encore ceux de Minilla qui n’impliquent pas Ichiro. C’est un peu un film « best of », comme ces épisodes d’anciennes séries américaines qui, en fin de saison, vous font un best of des 25 épisodes précédents sous forme de souvenirs. Ici, l’excuse invoquée est que toutes les scènes se déroulant sur l’île des monstres se passent dans l’imagination d’Ichiro. Mais cela pose problème car l’apparence de Godzilla a souvent changé à travers le temps : durant le film, il a donc plusieurs apparences sans que cela ne dérange qui que ce soit. Encore une fois, ça se passe dans la tête d’un enfant.


Le problème de cette franchise est que, malgré le fait que l’épisode précédent l’ait revitalisée, c’est une licence qui prend l’eau depuis bien longtemps et la Toho ne semble pas encline à y injecter de l’argent. Le grand nombre de stock shots utilisés rend le visionnage de ce film quasiment inutile tant on a déjà tout vu. Et plus encore que jamais, la Toho décide de viser le jeune public, probablement le seul capable d’accepter ce recyclage de scènes. Le scénario tourne autour d’un enfant victime de harcèlement et chaque scène réutilisée est une métaphore pour l’aider à retrouver confiance en lui. Mais qui dit film centré sur un enfant dit aussi qu’il ne faut pas s’attendre à un grand jeu d’acteurs. Les adultes sont tous rendus ridicules pour amuser les plus petits. Et transformer la licence en film pour enfants, après « Les envahisseurs attaquent« , fut une décision fatale.


J’aime beaucoup le design de Gabara, qui ressemble vraiment à une créature du folklore asiatique. Mais ce sera malheureusement la seule chose que je pourrais apprécier dans ce film. Le pire étant tout ce qui concerne Minilla. Tout d’abord, il y a le fait qu’il parle. Oui, Minilla est désormais doué de parole. Certes, ce changement est justifié par le fait que le film s’adresse aux enfants et que Minilla doit pouvoir échanger avec Ichiro (et on rappelle encore que ça se passe dans l’imagination du gamin, donc s’il a envie que les monstres parlent, rien ne l’en empêche). Mais il y a un problème de continuité concernant la taille du monstre qui est vraiment frustrant. On passe d’une scène où Minilla fait la taille d’Ichiro à une autre scène où il fait quasiment la taille de Godzilla. Et si encore il y avait une logique à ça, mais non. D’ailleurs, le fait qu’il parle ne rend pas Minilla moins agaçant… au contraire, même.


Mais ces problèmes de continuité, le film s’en fiche. Et les enfants qui l’ont vu probablement aussi. Enlevez les monstres du film et il en reste tout de même l’histoire d’un enfant victime de harcèlement qui apprend à prendre le dessus sur son harceleur. Mais si un film de monstre peut se comprendre quand on enlève les monstres du scénario, c’est qu’il y a un vrai problème, comme on l’a déjà remarqué durant certains épisodes précédents. Les monstres sont censés être la pièce maîtresse de ce genre de films, et pas juste une métaphore. C’est ce qui fait chuter cet épisode dans les abysses de la franchise.


« All monsters attack » est un épisode de la franchise qui n’est jamais sorti en France, et on comprend pourquoi. Il n’a réellement rien en sa faveur, même son titre est trompeur parce qu’on ne voit pas vraiment le « tous les monstres », vu que seul Gabara est inédit et que le reste est issu d’anciennes scènes. C’est un film outrageusement idiot, suffisamment du moins pour atteindre le bas du classement et auquel je mettrais sans hésiter zéro s’il n’y avait pas, au moins, le design original de Gabara… qui mérite une demi étoile.

Khaliel
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le 18 août 2025

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