Après plus de cinquante de carrière, le grand Clint Eastwood annonce en 2008 qu'il tire sa révérence des écrans, du moins en face des écrans. (Soit-disant) Dernier film devant la caméra, Gran Torino s'avère être une métaphore d'Eastwood lui-même, l'acteur se retirant de la comédie pour se consacrer uniquement à la réalisation. Ainsi, à travers ce nouveau long-métrage, on peut voir dans le personnage de Walt Kowalski une personnification visuelle d'Eastwood, vivant sa dernière aventure...


Walt Kowalski c'est le voisin bougon et raciste de votre palier, celui qui a fait la guerre de Corée, qui a remplit sa vie, qui ne doit plus rien à personne. Sa femme vient de mourir, ses enfants ne pensent qu'à l'héritage, un jeune prêtre encore imberbe veut lui apprendre la vie et pour couronner le tout, des jeunes thugs asiatiques veulent lui tirer sa caisse, une Ford Gran Torino de 1972 qu'il chérit. Lui qui a survécu à l'enfer de la guerre ne va pas se laisser emmerder comme ça.


Pourtant, abandonné par son ingrate famille et même par Dieu, cet enfoiré qui vient de lui enlever sa femme, Walt va réapprendre à vivre grâce à la candeur de son jeune voisin asiatique. Raciste jusqu'à la moelle, il ne l'aime pas mais cet ado coréen est pourtant la seule chose qui le rattache finalement à la vie. Bien plus modeste que ses propres enfants, bien moins stupide que ce que la société actuelle engendre, le dénommé Thao est le salut incarné pour un vieux briscard tel que Walt qui va lui faire une éducation hors du commun à base de langage ordurier et de confiance en soi utile à l'avenir.


Là où on pourrait y voir en premier lieu un énième drame à la morale anti-raciste vu et revu, prévisible et sans intérêt, Clint Eastwood parvient à éblouir, à proposer quelque chose de poignant à base de simplicité et de maîtrise dont lui seul a le secret. Dialogues truculents, humour aussi noir que la voiture du titre et séquences iconiques peuplent un long-métrage inattendu pour le plus réac des metteurs en scène américains qui, à l'instar d'une scène emblématique du film, propose une véritable profession de foi sidérante de beauté et de contrôle. Probablement l'un des meilleurs films de l'Homme Sans Nom.

MalevolentReviews
9

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films avec Clint Eastwood

Créée

le 9 avr. 2019

Critique lue 159 fois

Critique lue 159 fois

D'autres avis sur Gran Torino

Gran Torino
SBoisse
10

Ma vie avec Clint

Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...

le 14 oct. 2016

125 j'aime

31

Gran Torino
-Marc-
9

Rédemption

Walt Kowalsky est un retraité bougon des usines Ford, profondément marqué par les horreurs qu'il a vues et commises lors de la guerre de Corée. Après avoir enterré la femme de sa vie, il se replie...

le 30 nov. 2015

98 j'aime

22

Gran Torino
2goldfish
3

Comme Karaté Kid, mais à l'envers

Un jeune Hmong persécuté par un gang violent va apprendre auprès d'un vieil américain raciste à se comporter comme un vieil américain raciste. Ça l'aide à faire violer sa soeur. Le vieil américain...

le 29 sept. 2010

81 j'aime

31

Du même critique

Wonder Woman 1984
MalevolentReviews
3

Tant qu'il y aura des hommes

Toujours perdu dans une tourmente de décisions visuelles et scénaristiques, de décalages et de tonalités adéquates, DC Comics se fourvoie une nouvelle fois dans un total manque de cohésion et par...

le 26 déc. 2020

67 j'aime

6

Dune
MalevolentReviews
5

L'Épice aux étoiles

Attendu comme le Messie, le Dune nouveau aura été languissant avec son public. Les détracteurs de Denis Villeneuve s'en donne à cœur joie pour défoncer le produit à la seule vue de sa bande-annonce,...

le 18 sept. 2021

43 j'aime

5

Kaamelott - Premier Volet
MalevolentReviews
5

Les prolongations

Il l'a dit, il l'a fait. Plus de dix ans d'absence, dix ans d'attente, dix ans de doute, une année de retard à cause de la pandémie. Kaamelott a marqué la télévision, de par son ampleur, son aura...

le 20 juil. 2021

39 j'aime

10