En quelques jours j'ai appris non seulement l'existence de ce film, mais aussi son contexte. Du coup je vous explique rapidement : Christophe Honoré a bossé avec la Comédie Française en 2020 pour adapter Proust au théâtre, et des dates ont été annulées. J'ignorais déjà qu'il se mettait au théâtre, mais en plus, il a fait de cette annulation un film, plutôt que de faire une simple captation filmée du spectacle. Et à la manière d'À l'abordage de Guillaume Brac qui a été diffusé sur Arte peu avant sa sortie en salles, Guermantes a eu droit à une diffusion sur France 5 et sortira dans quelques jours en salles au moment où j'écris ces lignes.


Et franchement, parler de l'annulation d'un spectacle lors de la crise du Covid, c'est une idée géniale. On peine à distinguer le vrai du faux puisque le film est esthétiquement travaillé d'une part (l'image est belle, les lumières sont assez éloignées de ce qu'on obtient lorsqu'on tourne bêtement un "making of") mais semble plutôt naturel à de nombreux moments. Le film étant un mélange de petites fictions écrites et de scènes improvisées, il y a quelque chose de naturel qui ressort de pas mal de scènes de ce film, et ça fait toujours du bien une telle spontanéité au cinéma.


Seulement, la forme un peu bâtarde du film fait des dégâts sur son passage, et j'avoue qu'au bout d'un moment je n'arrivais plus à comprendre tout ce que je voyais ou ce qui se disait à l'écran, et j'ai préféré plus simplement me laisser porter par le film, ce qu'Honoré pouvait proposer en tant qu'expérience esthétique.


Ça parle du Covid et de l'impact de cette crise sur le milieu très fermé des artistes. Enfin disons plutôt une partie des artistes puisqu'on parle quand même de la Comédie Française, on est pas dans une MJC. Mais ce que j'ai trouvé plutôt malin, c'est que le film parle beaucoup des sentiments des comédiens : l'incertitude qui nous habite dans une époque aussi troublée que la nôtre, les relations avec les autres qui changent de dimension, des réflexions diverses et variées. Tout cela est balancé dans un long-métrage de 2h20, parfois maladroitement, d'autres fois on est dans de la pure fulgurance et il y a même des scènes musicales (bah oui, ça est un film de Christophe Honoré...).


C'est pas franchement son meilleur film, clairement pas le plus accessible, mais il y a de belles choses dedans, même si ça a tendance à s'épuiser à la longue.

GuillaumeL666
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le 25 sept. 2021

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Guillaume L.

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