« Une année, un film » : Haute Pègre, réalisé par Ernst Lubitsch et sorti le 2 juin 1933


Autorisons-nous un petit retour dans le passé avec un film signé par l’un des réalisateurs emblématiques de l’époque, Ernst Lubitsch, qui fait ses premiers pas dans le cinéma parlant, après une carrière déjà ponctuée de succès lors des décennies 1910-1920.


Lubitsch nous propose ici de suivre les tribulations de Gaston Monescu, un voleur réputé et chic, qui a pour talent de s’immiscer dans les soirées mondaines pour y subtiliser quelques objets de valeur à l’insu des invités. A Venise, il rencontre Lily, une autre voleuse qui le séduit immédiatement. Ils décident d’unir leurs talents pour dépouiller Madame Colet, une riche femme célibataire, que Gaston va séduire afin de mener son entreprise, mais il va être difficile pour lui de résister, et Lily n’est jamais très loin.


Haute Pègre est un film tout à fait représentatif de son époque. Romance, élégance, finesse et tact sont au cœur de ce délicieux triangle amoureux qui pétille comme une bonne coupe de champagne. Grâce à une mise en scène particulièrement soignée, le spectateur suit avec allégresse cette histoire au rythme soutenu et enjoué. Entre mensonges et quiproquos, Ernst Lubitsch restitue un résultat aux allures de pièce de théâtre, vaste comédie où les acteurs se soustraient à leur propre identité.


Gaston est le gentleman respectueux et attentionné, mais n’est qu’un voleur compulsif qui a fondé sa fortune grâce aux nombreux larcins qu’il a commis. Lily est une femme élégante et outrageusement séduisante, mais l’appât du gain est plus fort que tout. Madame Colet, elle, est la femme riche et seule, qui ne sait que faire de tout son argent, et se laisse aisément dupé par ces individus qui, pourtant, semblaient être de bonnes fréquentations.


Haute Pègre est un film qui incarne toute l’élégance d’une époque qui, paradoxalement, était très libertaire et où le cinéma n’était pas encore règlementé, permettant à quelques répliques aux sous-entendus quelque peu tendancieux de s’immiscer, avec une élégance et une retenue toujours inimitables. Des dialogues très intelligents, une mise en scène soignée, nul doute que la maîtrise de tous ces éléments contribue grandement à la réussite qu’est ce beau film qui pétille avec finesse et humour.


http://alarencontreduseptiemeart.com/haute-pegre/

Créée

le 8 avr. 2015

Critique lue 323 fois

2 j'aime

JKDZ29

Écrit par

Critique lue 323 fois

2

D'autres avis sur Haute pègre

Haute pègre
guyness
9

Le prince de Bel Air

Patrick Brion dit de Lubitsch qu’il est le cinéaste de l’équilibre parfait. Selon lui, le réalisateur d’origine allemande émigré au états-unis en 1928 (où il mourra en 47, à Bel Air) est celui qui,...

le 6 juin 2014

44 j'aime

11

Haute pègre
Morrinson
9

Forbidden Paradise

Venise, terre des amours les plus exquises. Une ville dont la seule évocation suffit à susciter bon nombre de passions et d’émotions. Romantisme et délicatesse, peinture et littérature, jardins et...

le 6 juin 2014

43 j'aime

16

Haute pègre
Ze_Big_Nowhere
9

Une bulle de Champagne

Une bulle de Champagne. Voilà Gaston Munescu ! Une bulle de Champagne dans cette coupe en cristal qu'est la Haute-Société. Une bulle pas bien différente des autres bulles. Même taille, même rondeur,...

le 24 mai 2014

39 j'aime

15

Du même critique

The Lighthouse
JKDZ29
8

Plein phare

Dès l’annonce de sa présence à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, The Lighthouse a figuré parmi mes immanquables de ce Festival. Certes, je n’avais pas vu The Witch, mais le simple énoncé de...

le 20 mai 2019

77 j'aime

10

Alien: Covenant
JKDZ29
7

Chronique d'une saga enlisée et d'un opus détesté

A peine est-il sorti, que je vois déjà un nombre incalculable de critiques assassines venir accabler Alien : Covenant. Après le très contesté Prometheus, Ridley Scott se serait-il encore fourvoyé ...

le 10 mai 2017

74 j'aime

17

Burning
JKDZ29
7

De la suggestion naît le doute

De récentes découvertes telles que Memoir of a Murderer et A Taxi Driver m’ont rappelé la richesse du cinéma sud-coréen et son style tout à fait particulier et attrayant. La présence de Burning dans...

le 19 mai 2018

42 j'aime

5