Les pierres de Shankara ne lui suffisaient pas, pas plus que le coffret de l’arche d’alliance perdu aux mains de l’état, il lui fallait une dernière aventure, du moins jusqu’à la prochaine fois et un artefact fantastique sur lequel mettre la main afin de devenir riche et célèbre. La croix de Coronado servira de relais à l’introduction d’une origin story où le jeune Indy est interprété par le regretté River Phoenix, ce qui nous permet de découvrir ses premières gafferies ainsi que l’intégralité de sa panoplie, de la cicatrice au menton qu’il s’est lui même infligé d’un coup de fouet pour dompter un fauve dans un wagon, à sa phobie des serpents après son immersion dans l'aquarium d’un vivarium, ou bien son fédora offert par un pilleurs de tombes en guise de consolation. Quant au surnom « Indiana » on apprendra plus tard qu’il s’agissait en réalité du nom donné à son chien. Indiana Jones et la Dernière Croisade tend à démystifier l’aura de notre archéologue préféré pour le rendre plus humain par l’intermédiaire d’une relation père/fils conflictuelle. Un père également spirituelle puisqu’il est interprété judicieusement par Sean Connery, le 007 le plus célèbre de la saga James Bond, ainsi la boucle est bouclée avec ce modèle d’inspiration qui lui a néanmoins toujours été étranger mais qui a fait de lui l’aventurier qu’il est devenu. C’est donc à la recherche de son père disparu dans l’exercice de sa quête Arthurienne que se lance Indiana Jones, celle de retrouver le saint Graal, cette coupe légendaire qui aurai recueilli le sang du Christ et qui donnerai le don de vie éternelle sur celui qui en boit le contenant. Mais attention à ne pas choisir la mauvaise calice, car si la bonne peut vous octroyer des années de vie supplémentaires une autre pourra vous en déposséder ou bien vous refiler une grosse diarrhée.


Cette nouvelle chasse au trésor mènera Indy et sa nouvelle partenaire Elsa au coeur de Venise, dans des catacombes envahi par les rats, avant une étape par Berlin alors en pleine décapitation intellectuelle du pays, puis à Alexandretta en Turquie bien que ce soit le Khazneh de Pétra en Jordanie qui servira de décor au temple caché. C’est dans un château de bavière que l’archéologue va retrouver la trace de son père le professeur Jones avec lequel il devra faire équipe bon gré malgré sur terre et dans les airs autant grâce à la dextérité du fils face au danger que par l’ingéniosité du père pour se défaire d’un avion ennemie avec la fourberie d’un intellectuelle farfelue armé d’un simple parapluie. Ce qui saute aux yeux dans cette rivalité entre père et fils, c’est que les chiens ne font pas des chats même si l’un est bien plus téméraire que l’autre, la séduction, la provocation et l'insoumission se transmet de génération en génération avec un talent inné pour se fourrer et se sortir du guêpier. L'Alchimie entre les deux acteurs est la véritable clé de voûte humoristique du récit, peut-être aussi une façon pour Spielberg de se réconcilier avec son vieux père psychorigide. Le père et le fils iront jusqu’à se départager la même femme qui n’est en réalité qu’une agent secrète au service des nazis (on s’en doutait un peu miss fraulein !) mais l’un n’arrivera à rien sans l’aide de l’autre, car c’est bien grâce au journal de son paternel qu’Indy triomphera des épreuves finales, du souffle de dieu au saut de la foi, et à ce titre l’approche cartésienne esquissé par le film qui choisi de révéler le subterfuge des pièges rencontrés s’avère salutaire d’autant qu’elle ne désacralise à aucun moment la religion et le fantastique émanant de l’objet sacré ou bien de la présence d’un chevalier croisé gardant le sanctuaire depuis plus de 700 ans.


Quelque peu embarrassés par la cruauté excessive du deuxième épisode, Spielberg et Lucas ont préféré faire machine arrière et revenir à une forme de divertissement plus proche de l’épisode original avec un héros qui gagne en authenticité ainsi qu’en maturité, c’est pourquoi il ne sera jamais question de faire l’étalage de scènes gores et de défilés macabre même si la décomposition du méchant en vieille momie évoque celle de Bellocq et ses sbires devant le coffret de l'Arche maudit. Les scènes d’action ne perdent pas pour autant en intensité entre des batailles aériennes et l’explosion d’un Zeppelin, des courses poursuites en bateau sur les canots vénitien, en side-car dans la campagne germanique, et même à l’assaut d’un Panzer allemand à dos de jument dans le désert ottoman. Aussi spectaculaire soit ces séquences, celle-ci ne viendront jamais parasiter l’intrigue et les rapports de groupe, l’idée étant de laisser d’avantage de place aux personnages pour pouvoir s’exprimer notamment avec les retour de Salah et de ce cher Marcus Brody. C’est donc une aventure en famille qui à défaut d’aboutir à une vie éternelle, permet à Indy de retrouver son père. Quant à la quête de l’immortalité, cela ne fait aucun doute que l’on se souviendra encore de lui d’ici les 100 prochaines années, du moins si l’humanité ne s’est pas volatilisé d’ici là.

Le-Roy-du-Bis
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le 27 juin 2023

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