À partir d’un postulat de base plutôt audacieux et au féminisme pertinent, Jane Got a Gun ne semble pas faire suffisamment confiance à ses interprètes et redouble sans cesse leurs discours par d’incessants retours dans le temps dont la démarche pachydermique n’a d’égal que leur mise en images criarde. Il suffisait pourtant de placer la caméra au service des visages, des gueules si expressives et marquées par l’histoire ; car le western n’est pas un genre à sauts et à gambades mais se définit davantage par la pesanteur d’un présent capable de ressusciter et de galvaniser les ressentiments ou horreurs passés. En résulte une œuvre boiteuse, à l’efficacité indéniable, mais qui voit sa grâce s’envoler au vent des techniques cinématographiques ici impropres. Elle n’est, en outre, pas aidée par la prestation d’Ewan McGregor, guère crédible en hors-la-loi sanguinaire. Fort heureusement, Natalie Portman et Joel Edgerton assurent le spectacle et forment un couple d’amants à la fois crédible et touchant. Jane Got a Gun constitue l’ébauche d’un grand film, et s’il se regarde avec un plaisir certain, laisse en bouche un goût d’inachevé dommageable.