Je voulais commencer ma critique par "Range ta bite dans ton pantalon et commence par tenir correctement une caméra" et puis finalement, j'ai pris le temps de réfléchir.

Voici un regard sur la prostitution qui oscille entre le voyeurisme vulgaire (mais on sait depuis 8 femmes que le père François n'est pas vraiment le réalisateur le plus féministe du monde) et un point de vue plutôt original, auquel j'attribue les 6 étoiles.

Voici une jeune fille qui n'est ni dans le besoin, ni détraquée sexuelle, ni forcée par un souteneur glauque, qui se prostitue. Pourquoi ? Parce que, ce sont ses propres mots, elle en a envie. Tout simplement. C'est un concept aussi dérangeant que le vide incommensurable des yeux de l'actrice principale. Pour la majorité, la prostitution est un acte forcément dégradant pour celles et ceux qui s'y livrent, et qu'on ne fait pas par plaisir, mais par nécessité.

Le moment où tout bascule, c'est quand le regard de la société s'en mèle, c'est à dire celui de la mère, que sa fille dégoûte, celui de la police, qui, sous couvert d’enquêter sur la mort d'un des clients de Léa/Isabelle, pose des questions bien sordides à la jeune fille, le regard du frangin légèrement incestueux, celui du beau père vaguement pédophile (phrase magique : "elle est belle ta fille, pas étonnant qu'elle fasse la pute") et donc, par extension, celui du réalisateur, donc on finit par se demander si effectivement il n'a pas réalisé ce film juste pour introduire sa caméra dans les coins et les recoins de la chair de sa jeune muse, et, évidemment, celui du spectateur, qui est amené à porter un jugement, forcément négatif ou compassionnel.

La seule réaction adulte saine, c'est celle du psy, qui trouve parfaitement normal qu'Isabelle paie ses séances de réhab avec l'argent de ses passes (je trouve ça logique aussi, mais j'aurais préféré qu'on lui laisse le choix de suivre, ou non, une psychothérapie, manque de bol, elle est mineure, c'est l'autorité parentale qui s'impose).

J'ai été enfin particulièrement dégoûtée par la fin, qui suggère qu'Isabelle trouvera la rédemption de ses actes en tombant amoureuse d'un garçon de son âge, même si le réveil dans la chambre d'hôtel peut indiquer qu'elle pourrait continuer à travailler.

Ce n'est pas un film très intelligent, mais il l'est déjà beaucoup plus que cet espèce de torchon avec Juliette Binoche qui interviewait des escort girls.
LioDeBerjeucue
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le 25 août 2013

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