A un moment il faut savoir s'arrêter

Je suis fan de Kaamelott, saisons 1 à 4, qui est pour moi un monument d'humour absurde et décalé, digne héritier des Monty Python, des comédies du trio ZAZ (Zucker Abrahams Zucker), de celles de Mel Brooks... Une bouffonerie géniale.

Le problème est que son créateur semble ne plus avoir assumé la bouffonerie à un moment et a voulu donner dans le sérieux. Et au lieu de repartir sur une page blanche avec un nouveau projet, il a essayé de tordre Kaamelott pour le faire entrer au forceps dans la catégorie "grand récit épique et dramatique". Mais déconnade et "grand récit épique et dramatique" ne vont pas bien ensemble en général.

Donc déjà les saisons 5 et 6 donnaient à voir un improbable mélange entre les deux. Et un roi Arthur qui fait la gueule 99% du temps (parce que pour avoir l'air sérieux il faut apparemment tirer la tronche) et que j'avais fini par ne plus supporter. D'aucun diront que ça avait commencé en fait en saison 4 : c'est pas faux, mais la saison 4 était sauvée par le même format ultra-court que les saisons 1 à 3, format qui permet de continuer à sauter du coq à l'âne et à jouer des scènes absurdes sans qu'elles tombent comme un cheveu sur la soupe au milieu de propos plus graves.

Je ne dis pas qu'il n'y a rien à sauver des saisons 5 et 6, mais comme prévu le mélange des genres ne fonctionne pas. La grande force des Monthy Python ou autres cités plus haut c'est de n'avoir jamais dévié du cap suivi : leurs comédies sont déconnantes du début du générique d'introduction jusqu'à la fin du générique de fin, sans jamais se prendre au sérieux à aucun moment. Jerry Zucker a fait des films sérieux après les bouffonnerie du trio ZAZ, mais il n'a pas recyclé le lieutenant Frank Drebin pour ça, il juste changé complètement d'univers.

Bon, le film donc... Et bien dans la lignée des saisons 5 et 6, en encore pire. Presque rien ne va. Pratiquement chaque personnage de la série fait sa petite apparition pour le fan service, en s'auto-caricaturant au passage, sans rien apporter à l'intrigue générale. Les vannes de Perceval et Karadoc tombent à plat car le contexte n'est plus du tout le même. Le scénario est plein de trous. La réalisation est bancale. etc, etc... Le passage au (vrai) format long est toujours un défi, et clairement mal relevé ici. Et les 10 ans qui ont passé entre la fin de série et le film n'aident en rien.

Et puis il faut parler d'un truc qui fâche les admirateurs sans borne d'A. Astier : c'est un acteur très quelconque. Son jeu est limité, tout comme la gamme d'émotions qu'il est capable de faire passer. Et vu qu'il joue le personnage principal c'est un problème. On va dire que c'était déjà le cas dans la série, mais en fait la série -en tous cas au début- n'avait pas réellement de personnage principal.