Dans Knife Fight (2013), Bill Guttentag ambitionne de dévoiler les dessous du monde politique à travers le prisme du "spin doctor" — ce conseiller en communication chargé de redorer l’image de politiciens aux mains sales. Un concept alléchant sur le papier, surtout à une époque où la frontière entre conviction et manipulation semble plus floue que jamais. Mais malgré ce point de départ prometteur, le film ne tient pas ses promesses, sombrant dans une superficialité qui neutralise toute portée critique.
Le film se donne l’allure d’une œuvre engagée, d’un cri lucide sur les compromissions qui gangrènent la vie politique. Pourtant, l’analyse reste trop convenue, trop lisse. Au lieu de creuser les véritables dilemmes moraux ou de faire émerger une vision forte, Knife Fight se contente de survoler ses thématiques. On reste à la surface des choses, frustré de ne jamais plonger dans la complexité qu’exige un tel sujet.
Au centre du récit, Paul Turner (Rob Lowe) devait incarner la tension permanente entre stratégie politique et éthique personnelle. Mais ce personnage manque de densité. Sa trajectoire, supposément conflictuelle, ne provoque ni empathie ni interrogation. L’écriture le condamne à n’être qu’un rouage dans une mécanique narrative trop prévisible, sans réelle prise de risque.
La satire, pour être efficace, doit oser. Elle doit piquer, déranger, bousculer les certitudes. Ici, elle caresse là où elle aurait dû griffer. Les situations sont souvent téléphonées, les dialogues manquent de mordant, et les retournements, pourtant nombreux, peinent à susciter l’intérêt. Ce manque d’audace finit par engendrer une forme de tiédeur qui sape toute ambition.
Sur le plan visuel comme dans la mise en scène, Knife Fight reste dans les clous. Pas de fausse note flagrante, mais rien non plus qui transcende le propos. Le film déroule son récit avec une régularité fade, sans jamais créer de tension ni offrir de moment mémorable.
Il y avait matière à faire un film puissant, intelligent, dérangeant. La politique contemporaine est un terrain de jeu fertile pour le cinéma critique, mais encore faut-il l'explorer avec courage et pertinence. Ici, l’effort est visible, mais la réflexion reste inaboutie. Ce n’est pas l’intention que je remets en question, mais bien son exécution.
Knife Fight promet un coup de scalpel dans les rouages du pouvoir, mais finit par effleurer les surfaces avec une lame émoussée. Un film aux ambitions louables, mais qui passe à côté de son sujet par manque de profondeur et d’audace.