Plaisir régressif
La première chose qui choque dans ce Kung-Fu Panda 2, c'est que si le premier opus était a priori destiné à un public adulte, avec des références affichées (la série Kung-Fu avec David Carradine,...
Par
le 17 juin 2011
49 j'aime
18
Le premier volet avait rattaché le panda devenu entre-temps guerrier-dragon à sa nouvelle famille symbolique, composée des Cinq Cyclones et Maître Shifu, tout en maintenant présent son ancrage populaire par le prisme du restaurant de nouilles. Sortie trois ans plus tard, la suite élargit encore le cercle de dépendance familiale en remontant aux origines de Po, soit au massacre de son peuple et de sa famille. Cette origine jusqu’alors inconnue resurgit par bribes cauchemardesques, à la manière de petits flashs tout droit sortis d’un feu d’artifice, arme privilégiée d’ailleurs par le grand méchant Shen. Car il y a un lien profond entre notre héros et le spectacle pyrotechnique : parvenu dans la cour centrale grâce à une chaise allumée de pétards et de fusées, Po doit ainsi à l’artifice son élection au rang de guerrier. La réalisatrice a l’intelligence de filer davantage la métaphore pour remonter à la source vive d’un traumatisme, là où tout a commencé : un génocide biblique embrasant les villages chinois et allumant dans les forêts des feux rouge-orange. La première heure du métrage voit notre panda terrassé par ces explosions de réminiscences, incapable de détourner la goutte d’eau de sa trajectoire initiale pour la diriger vers la plante ainsi nourrie. Dans cette dépendance du feu et de l’eau, seules valent la persévérance et la croyance que les deux matières pourtant ennemies peuvent être maîtrisées et unies. Le noir et le blanc, le feu et l’eau. « Seule compte la suite de ton histoire », indique la Divinatrice. Cette phrase confère à Kung Fu Panda 2 une légitimité et résume à merveille son ambition : explorer l’identité par un rapiéçage des souvenirs, aussi fragiles qu’une gouttelette d’eau, aussi dévastatrices que le feu d’un canon. Et ce n’est que lorsque les cicatrices auront été guéries – tels sont les propos de Po – que le tour de magie fonctionnera. Feu d’artifice visuel où l’action est mené tambour battant, le film trouve toutefois sa force dans la tonalité tragique qu’il donne à certaines de ses scènes – notamment un adieu déchirant d’une mère à son fils –, rendant presque vaine la débauche de combats et de courses-poursuites. La partition du duo Zimmer/Powell n’innove pas et se contente de remâcher thèmes et sonorités du premier opus avec, en prime, des échos à How to Train your Dragon en guise de clausule. Peut-être moins équilibré que l’original, Kung Fu Panda 2 poursuit néanmoins la saga de façon intelligente et poétique.
Créée
le 10 août 2019
Critique lue 326 fois
4 j'aime
3 commentaires
La première chose qui choque dans ce Kung-Fu Panda 2, c'est que si le premier opus était a priori destiné à un public adulte, avec des références affichées (la série Kung-Fu avec David Carradine,...
Par
le 17 juin 2011
49 j'aime
18
Pendant la première rencontre entre le méchant et des maîtres du Kung Fu : Le méchant commençant par ceci : Vous voulez voir ? C'est un cadeau ! Votre cadeau de départ ! Allez éparpiller...
Par
le 15 juil. 2018
15 j'aime
Suite au carton international de Kung Fu Panda en 2008, c'est tout naturellement qu'une suite a été mise en chantier et a débarquée 3 ans plus tard en 2011. Et qu'en est il donc donc ? Eh bien...
le 20 mars 2016
13 j'aime
3
Nous ne cessons de nous demander, deux heures durant, pour quel public Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu a été réalisé. Trop woke pour les Gaulois, trop gaulois pour les wokes, leurs aventures...
le 1 févr. 2023
136 j'aime
9
Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...
le 19 janv. 2019
91 j'aime
17
Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...
le 11 sept. 2019
79 j'aime
15