Kung Fu Panda 2
6.3
Kung Fu Panda 2

Long-métrage d'animation de Jennifer Yuh Nelson (2011)

Après la réussite commerciale et artistique de Kung Fu Panda, les studios DreamWorks Animation ne pouvaient que se remettre à l'ouvrage pour nous donner des nouvelles de Pô et de ses cinq nouveaux amis, les Cinq Cyclones. Premier hic : le charme du premier épisode résidait principalement dans l’apprentissage du panda et de sa maladresse présumée. Impossible donc de revenir en arrière même si le meilleur du second épisode réside encore dans les gaffes du panda. Second hic : le court-métrage Kung Fu Panda : Secrets of the Furious Five avait déjà exploité l'une des pistes possibles, à savoir les légendes liées aux cinq acolytes du héros. Troisième et dernier hic : le méchant du premier épisode, le terrible Tai Lung, a subi une telle raclée à la fin du métrage qu’il fallait imaginer un nouvel antagoniste que combattraient Pô et ses potes. Le duo de scénariste Jonathan Aibel et Glenn Berger déjà a l’œuvre sur le premier film avait donc une feuille blanche à noircir et tout un monde à réinventer.

Le studio DreamWorks Animation décide de reconduire les mêmes techniciens qui ont déjà collaboré au premier opus, en plus des deux scénaristes, on retrouve le chef décorateur Raymond Zibach, le responsable de l’animation des personnages Dan Wagner, la chef monteuse Clare Knight, le directeur artistique Tang Kheng Henh, les compositeurs Hans Zimmer et John Powell ainsi que Rodolphe Guenoden à la fois superviseur de l’animation, chorégraphe des combats et aux storyboards.

Le poste de réalisateur change. Alors que le premier opus était réalisé par un duo d’américain, ici c'est une réalisatrice d'origine coréenne qui est aux manettes. Jennifer Yuh Nelson était déjà à l’animation sur Kung Fu Panda et elle connait ses classiques côté film d'arts martiaux. Le film s'en ressent grandement, de l'action rythmée, des combats aériens, mais toujours de l'humour.

Kung Fu Panda 2 sort au début de l’été 2011.

L'humour bon enfant et les palpitantes scènes d'action de ce film sont parmi les plus satisfaisantes dans ce créneau très spécifique du film familial. Et comme le tout se déroule dans une bonhommie contagieuse qui ne prend rien au sérieux, on n'a pas l'impression de recevoir des leçons de vie et d'estime de soi dans un film à la mission pédagogique. On est dans l'action, ici, dans la bagarre et l'excitation d'une intrigue bien ficelée et visuellement prenante. Parfait pour les petits... Et les grands.

Malgré son climat de bagarres et de luttes incessantes, le film demeure à l'écoute d'un jeune public exigeant qui ne manquera pas de s'enthousiasmer pour une si prenante intrigue sur le passé de Pô. Les flashbacks (visuellement impeccables) ajoutent une trame sentimentale subtile qui fait contrepoids à la quête remplie d'action pour sauver le kung-fu. Les thèmes y sont riches, profonds et plus sombres que dans les contes de fées ou que dans le premier film.

Depuis le premier film, Pô a toujours été désigné comme le Guerrier Dragon. Dans le folklore chinois, le dragon est une figure impériale dominante présente dans quasiment toutes les légendes. C'est une force positive qui veille au bien être de ses sujets et possède une affinité naturelle avec l'eau. L'élément liquide accompagne Pô dans chacune de ses décisions dans la quasi-intégralité du long-métrage, du début où Maître Shifu tente de lui enseigner une technique de relaxation, au milieu lorsque la pluie s'abat quand il se perd dans sa mémoire, jusqu'à la toute fin où il parvient à enfin trouver la paix de son âme. Son opposé ne pouvait donc qu'être lié à l'élément du feu. On comprend tout de suite l'importance de l'antagoniste dans le récit. Seigneur Shen utilise ainsi le feu et la poudre pour faire régner la terreur sur la Chine. De fait, Shen est la face complémentaire de Pô, son naturel opposé. Si ce dernier était le dragon, Shen est donc le phoenix, l'autre figure impériale chinoise. Mais un phoenix perverti par une sombre prédiction découverte dans sa jeunesse. Un phoenix qui a perdu sa noblesse d'âme.

L'ingéniosité du personnage de Shen repose sur son apparence. Au lieu de choisir un paon traditionnel, avec ses multiples couleurs chaleureuses, le Seigneur Shen est un paon albinos. Le blanc immaculé de sa parure, généralement symbole de pureté, accentue d'autant le malaise que l'on ressent en le découvrant que le contraste terrible qui existe avec la noirceur de ses actes. Non content d'être machiavélique, Shen reste à l'écran un personnage à l'allure distingué, soigné mais malheureusement imbu de lui-même. Son style de combat, fluide et acrobatique, en fait un ennemi redoutable, surtout qu'il n'hésite pas à tricher quand l'affrontement tourne en sa défaveur. Pourtant, plus le scénario avance, plus le passé de Shen nous est dévoilé. Plus on en apprend de lui, et plus le malaise s'intensifie. On comprend vite que la condition d'albinos a été un véritable handicap pendant l'enfance de Shen, rejeté inconsciemment par ses propres parents. Il a ainsi nourrit une haine farouche sur sa condition et ses parents, puis développé son goût pour l'ambition. Dès lors qu'il a apprit ce que la prédiction lui réservait dans son avenir, il a alors franchit la ligne rouge. Plus aucun retour en arrière n'est possible pour lui. On dit toujours qu'un bon film se mesure souvent au prestige d'un méchant à l'écran et ce film, tout comme le premier opus, offre un méchant charismatique et tragique.

Jennifer Yuh Nelson et ses équipes ont fortement misés sur la 3D, de là à dire que cela a un intérêt particulier, je ne crois pas. En revanche, il est à souligner que l’aspect visuel du film est vraiment excellent. De même, l’enfance de Pô est retracée durant le film à travers des séquences en animation 2D. Cela forme une atmosphère particulière à ces retours dans le passé.

Les images impressionnent, il n’en est pas moins du casting vocal. Car que serait Pô sans le désopilant Jack Black et ses camarades Seth Rogen, Lucy Liu, Dustin Hoffman, Angelina Jolie et Jackie Chan. D’ailleurs Jackie Chan n’est plus la seule voix du casting à véritablement maitriser les arts martiaux puisque c'est un célèbre kick-boxer qui incarne Maître Croc dans cet épisode, à savoir Monsieur Jean-Claude Van Damme ! Et quel plaisir de l’entendre, même si il n’a que quelques lignes de dialogues.

Tout comme le premier volet, Kung Fu Panda 2 parvient étonnamment à osciller entre l’aventure et la comédie, l’un ne marchant pas trop sur les pieds de l’autre. Le maintien de cet équilibre de ton est d’ailleurs d’autant plus surprenant que tous les ingrédients étaient réunis pour faire dans la farce guignolesque. Par chance, donc, Pô est drôle quand il le faut, et sérieux quand l’intrigue l’exige. Ces charges étant plutôt respectées, on atteint régulièrement de vraies situations de tensions, et on rit aussi volontiers.

StevenBen
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le 12 mars 2024

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Steven Benard

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