Après Les Griffes de la Nuit, Wes Craven est devenu un exemple respecté dans le cinéma de genre américain des années 80, ce qui n'a pas empêché le bonhomme de réaliser quelques produits de commande vite oubliables. Arrivé à la fin de la décennie, il décide de se ressaisir et d'adapter un livre de Wade Davis traitant du vaudou en Haïti, explorant donc les mystères de cette religion mystique pouvant censément ranimer les morts... Assez éloigné des précédents films du réalisateur, L'Emprise des Ténèbres joue donc plus sur les questionnements de ces pratiques que sur le grand-guignol, Craven préférant judicieusement coller au plus près de la réalité afin de ne pas resservir un énième film de zombies sans saveur ni originalité.
Mettant en scène un Bill Pullman alors inconnu du grand public et quelques acteurs afro-américains comme Paul Winfield ou encore Zakes Mokae, le long-métrage commence lentement, posément et, de façon presque ennuyeuse, avance avec une certaine sûreté vers une enquête quasi-documentaire. Peu horrifique, l'histoire devient peu à peu pourtant intéressante voire effrayante tant elle se rapproche de la réalité, les zombies n'étant pas ici des monstres dévoreurs de chair humaine mais bel et bien des victimes de sortilèges errant entre la vie et la mort.
Ce ne sont d'ailleurs pas eux les vrais "méchants" du film mais plutôt le système politique de Haïti constitué de policiers corrompus et de sorciers véreux prêts à tout pour contrôler leur pays en instaurant donc un climat de terreur et de légendes obscures que notre anthropologue de héros va devoir contrecarrer. Plus l'on s'immisce dans l'aventure à ses côtés, plus l'effroi nous empare, de séquences glaçantes jusqu'à un final purement horrifique où Wes Craven revient à ses premiers amours et se laisse aller à un festival d'effets spéciaux home-made très convaincants et surtout très adéquats. Bref, malgré un rythme souvent lent et pourvu de scènes un tantinet longuettes, L'Emprise des Ténèbres vaut néanmoins le coup d'œil, ne serait-ce que pour apprécier une approche inédite de Wes Craven.