L’écrivain Charles Condomine (Rex Harrison), cherchant à écrire un roman sur le spiritisme, invite chez lui un médium, Madame Arcati (géniale Margaret Rutherford), afin d’y puiser son inspiration. Mais le scepticisme de l’homme de lettre se trouve mis à rude épreuve lorsque Madame Arcati réussit à faire revenir d’entre les morts le spectre de sa défunte femme (Kay Hammond), décédée il y a 7 ans. Le problème, c’est que Condomine est le seul à la voir, et que cela n’est pas du tout du goût de son actuelle épouse (Constance Cummings)…
Seule incursion de David Lean dans le registre fantastique autant que dans le registre purement comique, L’Esprit s’amuse occupe une place à part dans sa filmographie. Symbole de sa période anglaise et de ses premiers pas cinématographiques avec Noel Coward, cette comédie renferme déjà les qualités qui fleuriront plus tard dans son cinéma : cadrages rigoureux, montage réfléchi, casting absolument parfait…
Si l’on peut regretter que le scénario s’attarde trop durant la première moitié du film, il nous offre en revanche son lot de situations franchement cocasses pendant la deuxième moitié, dans la droite ligne d’un René Clair (Ma femme est une sorcière). Cela entraîne certes quelques problèmes de rythme, mais permet au récit de monter en puissance sans jamais retomber.
On appréciera particulièrement le délicieux cabotinage de Margaret Rutherford, sorte d'équivalent féminin d'Alec Guinness, qui exploite ici un potentiel comique qu’on aura rarement vu aussi bien mis en valeur que révélé par la caméra de David Lean.
Les plus connaisseurs noteront également la présence à la photographie et au scénario d’un certain débutant du nom de Ronald Neame (Les Fanfares de la gloire, Scrooge), dont la carrière à venir allait s’avérer, certes plus discrète que celle de Lean, mais pourtant brillante.